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Libye : La société civile appelle à élargir le dialogue organisé par l'ONU à des organisations apolitiques

Tripoli, Libye (PANA) - Le regroupement des organisations de la société civile de Tripoli ont appelé à élargir les concertations organisées par la Commission des Nations Unies en Libye à d'autres catégories du peuple libyen, notamment aux structures populaires et aux cadres technocrates, au lieu de limiter la participation aux seules forces et corps politiques officiels qui dominent la scène libyenne.

Le regroupement a insisté, dans un communiqué dont une copie est parvenue lundi à la PANA à Tripoli, sur la nécessité pour les initiateurs de ces rencontres de concertation d'écarter tous ceux qui ne croient pas à un État civil ou tentent de mettre fin aux précédents processus politiques, ainsi que tous ceux qui sont impliqués dans des actes pouvant être considérés comme crimes de guerre ou crimes contre l'humanité dont ont souffert les Libyens.

Ces organisations de la société civile ont également appelé à faire de l'étape actuelle des concertations qui associent les structures apolitiques, la dernière étape du processus de transition en allant directement aux élections législatives et permettre le parachèvement du processus constitutionnel.

Le communiqué a souligné que les organisations de la société civile de Tripoli suivent de près et avec optimisme les efforts déployés par la Mission des Nations Unies en Libye et encouragent toutes les démarches locales et internationales efficaces et positives destinées à mettre fin au blocage politique et aux combats armés afin d'entamer le processus politique permettant aux acteurs de la crise libyenne à s'asseoir autour d'une table pour un dialogue national responsable.

Le regroupement a souligné, à cet égard, l'importance que Tripoli abrite les institutions de souveraineté, notamment exécutives de la Libye, affirmant qu'il est "illogique de penser au transfert provisoirement et brièvement de la capitale à une autre ville".

Le président du Parlement libyen, Aguila Saleh avait salué samedi dans un communiqué, les pourparlers libyens de Montreux, en Suisse et plaidé pour que chaque région choisisse son représentant au Conseil présidentiel composé d'un président et de deux vice-présidents, tout en faisant de Syrte le siège des pouvoirs exécutif et législatif, ainsi que de la Banque centrale de Libye.

Plusieurs internautes ont critiqué les déclarations de M. Saleh, les considérant comme étant "hostiles à la capitale, Tripoli". On rappelle que Aguila Saleh avait soutenu l'attaque capotée, lancée en avril 2019 par les partisans du maréchal autoproclamé, Khalifa Haftar, pour s'emparer de Tripoli et de toute la région Ouest de la Libye. Cette attaque a entraîné des dizaines de morts et de blessés et a causé des dégâts importants sur les habitations, les infrastructures précaires et a contraint 150.000 personnes à abandonner leurs domiciles, rappelle-t-on.

Le défunt colonel Moamaar Kadhafi avait tenté, dans les années 1990, de transférer la capitale à Syrte, sa ville natale, mais sans succès. Pourtant, la Libye était à l'époque au sommet de sa puissance.

La tentative de l'ancien homme fort de la Libye avait causé plusieurs dégâts collatéraux dont notamment des accidents de circulation mortels entre Tripoli et Syrte, tout en bloquant le fonctionnement des services administratifs et exécutifs.

Le regroupement des organisations de la société civile a appelé, dans son communiqué, à refuser une nouvelle opportunité à ceux qui ont échoué dans la gestion des affaires dans le passé, notamment ceux qui dirigent les forces politiques actuelles, insistant sur la nécessité de limiter à 18 mois au maximum, la gestion de la transition qui sera menée par les nouveaux corps politiques.

Le communiqué a également souligné la nécessité d'éloigner les Libyens des combats et d'éviter de toucher aux infrastructures et aux sites ou de les utiliser comme moyens de pression dans les conflits armés, faisant allusion à la fermeture, par les forces du maréchal Haftar, des sites pétroliers empêchant ainsi, depuis des mois, l'exportation du pétrole libyen, ce qui a entrainé, à ce jour, des pertes estimées à plus de 10 milliards de dollars.

Le communiqué conclut à la nécessité de mener le processus politique tout en favorisant le processus de la réconciliation sociale sur toute l'étendue du territoire libyen et en mettant en place des mécanismes efficaces pour l'exécution des décisions et recommandations.

Le communiqué a déploré, à cet égard, la situation tragique à laquelle les Libyens sont confrontés dans les différents aspects de leurs vies, notamment économique et de disponibilité des services essentiels, mettant en garde contre les risques de soulèvements de rue qui ont engendré, ces derniers temps, des manifestations pacifiques dans plusieurs villes du pays dont Tripoli et Benghazi.

-0- PANA AD/IN/IS/SOC 14sept2020