Agence Panafricaine d'information

Les pays africains mis en garde contre les tentatives de sabotage de leurs contributions au règlement de la crise libyenne

Tripoli, Libye (PANA) - Le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale,  Fayez al-Sarraj, a exprimé mardi son souhait de voir l'Union africaine jouer un rôle central contribuant efficacement à trouver une solution à la crise libyenne".

Il a également averti "les frères africains que leurs efforts se heurteront aux interventions négatives de certains pays, dont malheureusement des pays africains".

Il n'a pas cité ces pays, mais on rappelle que l'Egypte compte, aux côtés des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de la Jordanie, parmi les soutiens actifs du maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle la partie orientale de la Libye.

Cet alignement s'est manifesté ostensiblement lorsque le chef de l'Etat égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, alors à la tête de l'Union africaine, a refusé de prendre la moindre initiative sur le dossier de la Libye.

M. al-Sarraj, qui rencontrait les ambassadeurs des pays du Groupe africain en marge de la 43ème session du Conseil des droits de l’homme à Genève, leur a demandé de "contribuer à transmettre ce message du peuple libyen à tous ceux qui interviennent: "Levez la main sur la Libye ! Suffit le sang versé, les tentatives de ramener le temps en arrière sont vaines et le peuple ne reculera pas dans la réalisation d'un Etat civil démocratique, et la volonté du peuple est indomptable".

Le président du Conseil présidentiel a souligné  la fierté de la Libye de son appartenance africaine et sa volonté de développer des relations politiques, économiques et de sécurité avec les pays africains pour relever les défis auxquels le continent est confronté dans un effort commun.

M. Fayez al-Sarraj a souligné aussi que "les interventions étrangères ont contribué à obstruer le processus politique et amené le pays à l'état de guerre actuel", faisant assumer "à ceux qui soutiennent l'agression (attaque de Haftar contre Tripoli) la responsabilité morale et juridique des violations et des crimes commis contre les Libyens".

Evoquant sa visite actuelle à Genève, M. al-Sarraj a affirmé qu'"elle vient confirmer la profonde reconnaissance de la Libye au Conseil des droits de l'homme et son noble message, qui est l'un des piliers de l'État civil souhaité" en Libye.

Il a rappelé que la Libye a été élue membre du Conseil des droits de l'homme pour le continent africain pour la période de 2020 à 2022, soulignant la volonté de son pays de contribuer effectivement au renforcement de l'efficacité du Conseil, en coopération et coordination avec le Groupe africain, et conformément aux mécanismes suivis au sein du Conseil.

Abordant le phénomène de l'immigration clandestine, qui est étroitement lié aux droits de l'homme, il a souligné "l'importance de traiter ses causes dans les pays d'origine, en mettant en œuvre des programmes de développement et en créant des possibilités d'emploi pour les jeunes afin qu'ils n'aient pas à quitter leurs pays et à mettre leurs vies en danger".

M. al-Sarraj a précisé que "la Libye est un pays de transit qui traverse des circonstances exceptionnelles; elle fait ce qui est en sa capacité pour s'attaquer à l'aspect humanitaire de ce phénomène", soulignant que "l'instauration de la stabilité en Libye contribuera grandement à résoudre le problème, qu'une Libye stable est en mesure de sécuriser ses frontières et est également en mesure de fournir des opportunités d'emploi à des centaines de milliers de travailleurs africains, conformément à la législation libyenne, comme c'était le cas par le passé".

Le président al-Sarraj a mis l'accent aussi sur la possibilité que "la Libye soumette chaque année un projet de résolution au titre du dixième chapitre relatif à la fourniture d'assistance technique et de renforcement des capacités, car il sera présenté au Conseil des droits de l'homme au cours de cette session au nom du Groupe africain, et nous comptons sur les frères africains pour l'adopter par consensus".

Il a également annoncé le soutien de la Libye à l'initiative de l'Union africaine de faire taire les fusils en 2020 et qu'elle travaillera, pour sa part, à faire de ce plan un succès pour la sécurité et la paix sur le continent, et pour mettre fin aux guerres et aux conflits civils.

Le thème du 33ème Sommet de l'Union africaine (UA) tenu, les 9 et 10 février courant à Addis-Abeba, en Ethiopie, était l’Union africaine pour l’année 2020 : "Faire taire les armes : créer des conditions propices au développement de l’Afrique".

Au début de son intervention devant les délégués des pays africains à la 43ème session du Conseil des droits de l'homme à Genève, le président du Conseil présidentiel libyen a donné un bref aperçu de la situation en Libye et de "l'agression que la capitale Tripoli subit depuis dix mois, visant à prendre le pouvoir et à rétablir un régime totalitaire contre lequel les Libyens se sont révoltés pour s'en débarrasser, et ils en ont payé le prix avec des milliers de martyrs et de blessés".

Il a passé en revue les efforts déployés par le Gouvernement d'union nationale au cours des années pour désamorcer la crise libyenne, et les concessions qu'il a faites dans l'intérêt de la patrie, qui ont toutes été accueillies avec de l'intransigeance par l'autre partie, qui insiste à parachever son projet pour régner exclusivement, et qui trouve réponse et soutien de parties et agendas externes.

A l'issue de son discours, il a ouvert la porte aux interventions et aux questions, au cours desquelles de nombreux ambassadeurs ont exprimé leur soutien au Gouvernement d'union nationale et à ses efforts pour assurer la sécurité et la paix en Libye. 

En réponse à une question de l'un des ambassadeurs, le président a déclaré à propos de sa proposition de former une commission d'enquête sur les violations et les crimes commis en Libye, que son champ d'action devrait couvrir tout le  territoire  libyen.

D'autre part, le président du Conseil présidentiel en Libye a souligné qu'"il n'y a pas de conflit entre deux parties, car certains aiment à nommer ainsi ce qui se passe en Libye, mais il y a un gouvernement légitime reconnu par tous les pays, défendant la capitale du pays et son peuple face à l'agression par une tentative de s'emparer du pouvoir, et qui a tué et détruit afin d'atteindre son objectif".

-0- PANA BY/JSG/SOC 2fev2020