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Les femmes défenseurs des droits humains doivent être protégées, déclarent des experts de l'ONU

Genève, Suisse (PANA) - Les Etats doivent honorer leurs engagements en matière de protection des femmes défenseurs des droits humains, de plus en plus attaquées et insuffisamment protégées, a déclaré mercredi un groupe d'experts des droits de l'homme aux Nations unies.

Dans un communiqué commun célébrant la Journée internationale des femmes défenseurs des droits humains, le 29 novembre, le groupe a déclaré que le contexte mondial actuel d'autoritarisme incontrôlé, ainsi que la montée du populisme, le pouvoir des entreprises et les groupes fondamentalistes contribuaient à la fermeture de l'espace de la société civile.

"Cela se fait par la promulgation de lois et de pratiques qui entravent efficacement le travail dans le domaine des droits de l’homme, y compris l’application erronée de certaines lois telles que les lois sur la lutte contre le terrorisme et les rassemblements publics. Dans ce contexte, les femmes défenseurs des droits humains sont confrontées à des obstacles supplémentaires en matière de discrimination économique et structurelle et de défis motivés par une discrimination profondément enracinée à l'égard des femmes et par des stéréotypes enracinés dans les sociétés patriarcales liés au genre et à la sexualité", a déclaré le communiqué.

Outre les risques de menaces, d'attaques et de violences auxquels sont exposés tous les défenseurs des droits humains, les femmes défenseurs des droits humains sont exposées à des risques spécifiques tels que la violence sexuelle, la diffamation, l'intimidation, y compris à l'encontre des membres de leurs familles afin de les dissuader de continuer leur travail précieux.

En 2017, Front Line Defenders a enregistré l'assassinat de 44 femmes défenseurs des droits humains, contre 40 en 2016 et 30 en 2015.

Selon le communiqué, celles travaillant sur des droits contestés par des groupes fondamentalistes tels que la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes, et celles dénonçant les actions des industries extractives et des entreprises qui entraînent souvent la violation des droits de groupes spécifiques, à savoir les minorités ethniques, raciales ainsi que les communautés rurales et autres communautés marginalisées, courent un risque accru d'attaques et de violences.

Les femmes défenseurs des droits humains font également face à des menaces particulières dans les situations de conflit et d'après conflit. Les situations de conflit armé et l’atteinte subséquente à l’état de droit créent un environnement dangereux pour les femmes et les filles. Les femmes défenseurs des droits humains jouent un rôle central dans la promotion d'une paix durable. Elles sont toutefois constamment exclues des processus de paix et de la politique, souvent criminalisées, et subissent des violences sexistes qui entravent leur participation au processus de prise de décisions.

Le groupe a souligné que les femmes défenseurs des droits humains étaient souvent victimes d'actes commis par des acteurs non étatiques, notamment des membres de leur famille, de groupes communautaires et confessionnels, de groupes armés non étatiques, d'agences de sécurité privées, de sociétés et du crime organisé.

Les femmes défenseurs des droits humains apportent une contribution essentielle à la promotion, à la protection et à la mise en œuvre effective de la loi international des droits humains et jouent un rôle important en sensibilisant et en mobilisant la société civile pour identifier les violations des droits humains et en contribuant à l'élaboration de solutions véritables intégrant la perspective du genre.

En outre, le communiqué note que les femmes défenseurs des droits humains dirigent des mouvements qui parcourent le monde entier pour réclamer l'égalité des sexes et la fin de la violence sexiste à l'égard des femmes. Elles ont inondé les rues, les ondes et Internet de leur énergie et de leurs témoignages, mettant en lumière des vérités trop souvent enfouies dans l'obscurité.

"Elles apportent une contribution incommensurable à la promotion des droits de l'homme dans le monde entier. Elles font entendre leur voix, souvent au péril de leur vie, pour défendre les droits de l'homme et la justice pour tous. Souvent, ces femmes sont à l'avant-garde des normes sociales et culturelles ambitieuses qui limitent leurs droits fondamentaux. Elles prennent des positions nécessaires pour progresser, mais impopulaires, en prenant des plus puissants et en apportant un soutien aux plus vulnérables", souligne le communiqué.

"En tant qu’experts des droits de l’homme des Nations unies, nous condamnons toutes les attaques contre des défenseurs des droits humains. Nous sommes particulièrement préoccupés par ceux qui ont subi des représailles pour leurs efforts de collaboration avec l’ONU et les organismes régionaux. La participation aux travaux du système international des droits de l'homme est en soi un droit et ne doit jamais faire l'objet d'intimidations ou d'attaques. En ce jour de célébration du travail crucial des femmes défenseurs des droits humains, nous appelons les Etats à respecter leur engagement de permettre ce travail, proclamé il y a près de 20 ans dans la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme et réaffirmé il y a cinq ans dans la résolution 68/181 de l'Assemblée générale sur la protection des femmes défenseurs des droits humains", ajoute le communiqué.

Afin de mettre fin à toutes les attaques contre les femmes défenseurs des droits humains, les défenseurs des droits humains ont appelé à une reconnaissance publique, par les plus hautes autorités de l'Etat, de l'importance et de la légitimité du travail des femmes défenseurs des droits humains et un engagement de ne tolérer aucune violence ni menace à leur encontre; une abrogation de toute législation nationale ou une suppression de toute mesure visant à pénaliser ou entraver le travail des défenseurs; un renforcement des institutions de l’Etat chargées de la protection du travail des défenseurs; enquêter et punir toute forme de violence ou de menace contre les défenseurs, y compris en cas de représailles pour avoir coopéré avec le système des Nations Unies; une diligence raisonnable des Etats dans la protection des femmes défenseurs des droits humains menacées par des acteurs non étatiques.

"Mais avant tout, nous exprimons notre gratitude et notre admiration pour les actions de ces femmes, pour leur courage, leur force, leur dévouement, leur efficacité et leur lutte sans relâche pour les droits humains", a conclu le communiqué.

-0- PANA AR/MTA/TBM/SOC 28novembre2018