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Les données météorologiques aident les autorités à répondre aux inondations meurtrières à Abidjan

Abidjan, Côte d'Ivoire (PANA) - Avec les pluies torrentielles et les inondations subites qui ont touché certaines parties d'Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire, un investissement de la Banque africaine de développement (BAD) dans les données météorologiques devient essentiel pour renforcer la réponse aux catastrophes.

Si les fortes pluies sont habituelles à Abidjan de mai à juillet, le volume des précipitations a récemment causé d’énormes dégâts. À son apogée, le niveau de l'eau a atteint la moitié de la hauteur d'un véhicule de taxi de banlieue et laisse la métropole lutter pour y faire face.

Selon Daouda Konaté, directeur de la météorologie de l'agence nationale SODEXAM, certaines régions ont connu les plus fortes pluies depuis des décennies.

"Dans les quartiers d'Abobo et de Cocody, près d'Abidjan, les communautés ont connu les niveaux de précipitations jamais enregistrés au cours des 45 dernières années", a déclaré M. Konaté.  

Les systèmes d'alerte précoce renforcés, mis en place en 2014, comprennent la création d'une plateforme interministérielle et multisectorielle de gestion des risques de catastrophes, un groupe d'environ 50 représentants de divers ministères et organismes publics, de districts et de départements, de l'assemblée nationale et de l'union des ONG, chargé de diriger les interventions d'urgence.

La Banque avait également approuvé en 2018 une subvention de 480.000 euros par le biais du Fonds ClimDev pour aider le pays à reconstruire ses services d'information climatique et météorologique, suite à une crise post-électorale en 2010-2011, et pour renforcer davantage la capacité de préparation de la Côte d'Ivoire aux phénomènes climatiques extrêmes.

La Côte d'Ivoire a utilisé cette subvention pour acquérir six stations météorologiques automatiques qui collectent les données pluviométriques et les transmettent à SODEXAM, où les experts utilisent des ordinateurs sophistiqués pour traiter lesdites données et produire des rapports météorologiques en temps réel et des bulletins d'alerte aux risques d'inondation pour distribution par la Plateforme.

Sous la coordination du ministre de l'Environnement et du Développement durable, la plateforme utilise les données pour développer des modèles qui aident à prévoir les conditions météorologiques en temps réel. Ainsi, lorsqu'il est devenu évident qu'un événement catastrophique approchait d'Abidjan, la plateforme est entrée en action avec une alerte par e-mail via différents canaux, dont une liste de diffusion de 200 journalistes, et les comptes de réseaux sociaux de SODEXAM.

Toutes les alertes jusqu'au niveau orange sont diffusées par les programmes d'information du gouvernement. Lorsque les événements atteignent un niveau d'urgence au-delà du niveau orange, la plateforme porte la question au niveau du gouvernement, seul habilité à émettre une alerte rouge et à mettre en œuvre l'arrêt des services, y compris des transports.

En sa qualité de président de l'Association régionale pour l'Afrique de l'Organisation météorologique mondiale, M. Konate a pour vision de renforcer les capacités de la région en matière de modélisation des données et de s'affranchir de sa dépendance à l'égard de modèles conçus pour l'Europe. Pour atteindre cet objectif, il faut investir davantage dans les antennes qui collectent et analysent les données pour l'Afrique afin de produire des prévisions météorologiques adaptées au contexte.

-0- PANA VAO/ASA/TBM 10juil2020