Agence Panafricaine d'information

Les discussions sur le barrage de la Renaissance bloquées, selon le Soudan

Khartoum, Soudan (PANA) - Le Soudan a constaté que les discussions tripartites sur le controversé Grand Barrage de la Renaissance éthiopien (GERD) étaient bloquées, les trois pays concernés - le Soudan, l'Ethiopie et l'Egypte - n'ayant pas réussi à parvenir à une "formule acceptable" pour la poursuite des négociations.

Les ministres des Affaires étrangères et des Ressources hydrauliques des trois pays ont tenu dimanche une réunion virtuelle, la deuxième en huit jours, sous l'égide de la ministre sud-africaine de la Coopération et des relations internationales, Mme Naledi Pandor, mais sont dans l'impasse, selon le Soudan.

L'Agence soudanaise de presse, SUNA, rapporte que Mme Pandor a déploré cette impasse et fait savoir qu'elle informera le président en exercice de l'UA et président sud-africain, Cyril Ramaphosa, "pour qu'il prenne les mesures nécessaires", l''UA étant le parrain des négociations.

Le ministre soudanais de l'Irrigation et des Ressources hydrauliques, le professeur Yasir Abbas, cité par la SUNA, indique que le Soudan a demandé un changement de méthodologie et de modes de négociation.

Le Soudan a également plaidé pour l'élargissement du rôle des experts "pour leur permettre de jouer un rôle fondamental dans la facilitation des négociations et la réduction des différences, en particulier après les rencontres bilatérales constructives avec les experts samedi, sur la nécessité de fixer des termes de référence clairs" concernant leur rôle.

Pour le Pr. Abbas, ils "ne peuvent plus continuer ce cercle vicieux de négociation illimitées", étant donné que le GERD, construit sur le Nil Bleu, pose une menace directe sur le barrage soudanais de Roseires, dont la capacité de stockage est inférieure de 10 pc à la capacité du barrage du GERD, s'il est rempli et exploité en l'absence d'accord et de partage quotidien de données.

Il a indiqué que le Soudan a protesté énergiquement auprès de l'Ethiopie et de l'UA suite à la décision de l'Ethiopie de poursuivre le remplissage du barrage pour la deuxième année consécutive en juillet prochain de 13,5 milliards de mètre cube d'eau avec ou sans accord.

Selon le Pr. Abbas, le ministre éthiopien des Ressources hydrauliques, dans une lettre datée du 8 janvier 2021, adressée à l'UA, au Soudan et à l'Egypte, a fait savoir que son pays n'était pas obligé de notifier à l'avance aux pays situés en aval les procédures de remplissage et d'exploitation du barrage et d'échanger des données avec eux.

D'après lui, cette affaire "constitue une sérieuse menace pour les installations hydrauliques du Soudan et la moitié de la population du Soudan".

La tension entre les trois pays sur la question du barrage a commencé à monter après l'annonce, l'année dernière, par l'Ethiopie qu'elle avait commencé à remplir le réservoir du barrage.

L'Ethiopie a indiqué que le barrage est essentiel pour son développement, tandis que l'Egypte et le Soudan sont inquiets pour l'accès aux ressources en eau vitales tirées du Nil.

D'après les informations données par le Parlement européen, des rounds de négociations successives entre l'Ethiopie, le Soudan et l'Egypte concernant le remplissage et l'exploitation du GERD sont tombés dans l'impasse.

Ce nouveau barrage, construit par l'Ethiopie sur le Nil Bleu (principal affluent du Nil), sera la plus grande centrale hydroélectrique d'Afrique.

Il devrait assurer l'accès à l'électricité à la majorité des Ethiopiens, promouvoir le développement économique et assurer des revenus issus de la vente de l'excédent d'électricité à l'étranger.

Pour sa part, le Soudan espère que le nouveau barrage aidera à réguler le flux du Nil et à empêcher des inondations dévastatrices, mais aussi permettre l'accès à une énergie bon marché. Toutefois, Khartoum craint que le nouveau barrage ne gêne son propre barrage - les Roseires - situé non loin en aval.

L'Egypte, pour sa part, est fortement préoccupée par l'impact potentiel du barrage sur son propre barrage d'Aswan, et de la prise de contrôle par l'Ethiopie du flux du fleuve et de la réduction de l'approvisionnement en eau potable de sa population. 

-0- PANA MA/NFB/JSG/SOC 11jan2021