Agence Panafricaine d'information

Le soutien de la Turquie au gouvernement d'union nationale et les perspectives de l'économie libyenne au menu des journaux

Tripoli, Libye (PANA) - Les journaux libyens parus cette semaine se sont focalisés sur les effets du soutien de la Turquie au gouvernement d'union nationale et les craintes suscitées à l'égard de l'envoi de troupes ayant brisé la glace sur la situation de la crise rythmée par les reports incessants de la Conférence internationale de Berlin destinée à trouver une solution politique, à travers l'harmonisation de la position de la communauté internationale.

 

Les perspectives économiques durant l'année 2019 en Libye, a suscité l'intérêt de la presse libyenne qui a traité de ce secteur à la lumière de la guerre et des divisions dans le pays.

 

Le journal Al-Wassat a écrit qu'après tous les vœux des Libyens pour que l'année 2019 porte de vrais signes d'un proche règlement de la crise, ils se souviennent aujourd'hui qu'elle s'est terminée dans la plus grande douleur et amertume, atteignant son ampleur dans le cadre de l'affrontement sanglant entre les belligérants.
 

Il s'agit de la guerre pour le contrôle de la capitale dont la première balle a été tirée après la déclaration du commandant en chef de l'armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, concernant ce qu'il a qualifié de "libération de Tripoli" le 4 avril dernier, et les combats qui se poursuivent à la périphérie de la ville depuis près de neuf mois, déplaçant des milliers de personnes et causant des morts et des blessés, a rapporté le journal.

 

Al-Wassat, hebdomadaire libyen paraissant au Caire, en Egypte, a indiqué dans un article intitulé "La hantise turque brise le gel politique international" que le facteur russe a eu un effet sur la position américaine et l'ambiguïté dans ses relations avec le cas libyen, après des informations qui ont révélé l'étendue de l'intervention russe en Libye, notamment l'ingérence sur le terrain grâce à la participation de mercenaires du "groupe Wagner" sur le front des combats à la périphérie de Tripoli.

 

Le journal a évoqué ensuite le facteur turc qui est venu perturber la situation politique, qui a vu une baisse sensible des performances européennes concernant la crise libyenne, précisant que les préparatifs de la Turquie officielle d'envoyer des troupes en Libye en soutien au gouvernement d'union nationale, ont suscité des peurs qui ont fait bouger les pays européens, en particulier ceux en relation directe avec les affaires libyennes.

 

Des craintes qui ont commencé depuis l'annonce de la signature de deux protocoles d'accord, l'un relatif aux zones maritimes et l'autre de sécurité entre le gouvernement turc et le gouvernement d'union nationale, a souligné le journal.

 

Al Wassat a ajouté que depuis l'annonce de cette mesure, les déclarations des responsables turcs, à leur tête le Président, Recep Tayyip Erdogan, n'ont cessé de confirmer ce qui était mentionné dans les deux mémorandums donnant à la Turquie le droit à une intervention militaire, y compris l'envoi de troupes sur le terrain, si le gouvernement d'union nationale en fait la demande.

 

Pour sa part, le journal Afrigatenews s'est intéressé aux réactions au soutien de la Turquie, affirmant que des membres de la Chambre des représentants en Libye (Parlement) installé à Tobrouk (Est) ont averti le peuple turc de ce qu'ils ont décrit comme les "aventures présumées du Président turc, Recep Tayyip Erdogan, leur demandant de ne pas envoyer leurs fils rejoindre les Frères musulmans en Libye".

 

Se faisant l'écho d'un communiqué de la Chambre des représentants, Afrigatenews a indiqué que "les membres du Parlement libyen appellent tous les Libyens à s'unir contre l'invasion barbare turque avec la collusion des traîtres et des agents dont les peuples musulmans n’ont hérité que du sous-développement, la fragmentation et la remise de la Libye au colonisateur italien en vertu de l’Accord de Lausanne en 1912.

 

"Nous avertissons le peuple turc ami des aventures de cet arrogant et de son parti terroriste contre les conséquences de l'envoi de leurs fils pour s'aligner sur les Frères musulmans en Libye, que le Parlement libyen a classés comme un courant terroriste pour ses crimes contre le peuple libyen en complot avec des pays étrangers", a ajouté le journal qui cite le communiqué.

 

Il a souligné que "le contrôle par les groupes armés de l'autorité de facto dans la capitale, qui n'a pas obtenu la confiance de la Chambre des représentants, la seule autorité législative. Le conseil présidentiel est considéré comme dissous conformément à l'accord politique imposé par la communauté internationale, que nous tenons pour responsable de l'effusion de sang en raison de sa reconnaissance continue de l'accord politique".

 

Rapportant la réaction du Haut Conseil d'État siégeant à Tripoli et hostile au camp de Haftar, le journal a indiqué que l'Assemblée consultative s'est félicitée de l'approbation par le Parlement turc d'un mémorandum autorisant la présidence turque à envoyer des forces militaires en Libye.

 

Le Conseil d'Etat a déclaré, dans un communiqué, qu'il "regrette ce que nous a apporté Haftar et les pays qui le soutiennent en termes de meurtres, de destructions et de souffrances, ce qui nous a obligés à utiliser des amis turcs légitimes pour défendre notre peuple et protéger les civils".

 

Traitant du secteur économique, le journal Al-Wassat a indiqué que la guerre de la capitale, Tripoli, qui a éclaté le 4 avril dernier, a éclipsé les perspectives internationales de l'économie libyenne en 2020, malgré l'amélioration relative de certains indicateurs économiques et financiers en 2019.

 

"Cet automne, la Banque mondiale a publié des prévisions très pessimistes pour l'économie libyenne au cours des deux prochaines années, lorsqu'elle passera d'une croissance élevée, son taux attendu pour 2019, d'environ 5,5% au cycle de contraction de 0,6%", a écrit le journal.

 

Citant le rapport, "Perspectives économiques en Libye - octobre 2019" de la Banque mondiale, le journal a indiqué que la guerre dans les environs de Tripoli, qui a été déclenchée en avril dernier, a érodé la dynamique de la reprise économique relative observée au cours de la période 2017-2018.

 

La Banque mondiale suggère que la Banque centrale de Libye continue de légaliser les importations, mais les excédents du compte courant diminueront régulièrement de 7,3% du PIB en 2020 à 1,4 en 2022, et donc les réserves se stabiliseront à 91 milliards de dollars au cours de la période 2020-2022, selon le journal.

 

Al-Wassat a indiqué aussi que les analystes estiment que la poursuite de la guerre et la division interne restent le principal obstacle à toute tentative de relance de l'économie libyenne.

-0- PANA BY/IS/SOC 04janv2020