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Le raid contre la base aérienne d'Al-Wattia dans l'Ouest de la Libye a ravivé l'escalade militaire

Tripoli, Libye (PANA) - L'escalade militaire a repris ses droits en Libye à la faveur de la frappe aérienne ayant ciblé, la nuit de dimanche dernier, la base aérienne d'Al-Wattiya (Ouest) contrôlée par les forces du gouvernement d'union nationale au moment où les contacts diplomatiques se sont multipliés, ces dernières semaines, en vue de la reprise du processus politique.

 

Depuis la défaite de l'armée nationale libyenne basée à l'Est dirigée par Haftar à Tripoli et dans l'Ouest du pays, la ligne de combats s'est déplacée à Syrte (Centre) où la mobilisation des deux camps est à son comble avant que les efforts des pays impliqués dans la crise libyenne à l'instar des Etats-Unis, la Turquie et la Russie n'intervient pour apaiser la tension et tenter de pousser les belligérants à la reprise des négociations, notamment à travers la Commission militaire conjointe 5 +5 sous les auspices des Nations Unies.

 

Le raid aérien a ravivé les tensions avec la reprise de la mobilisation des troupes avec l'envoi de convois de renforts militaires des forces gouvernementales à la base d'Al-Wattia, ainsi que vers Syrte.

 

En guise de représailles, une frappe aérienne a été menée, ce mardi, contre des positions des forces de Haftar dans la ville de Soukna, a annoncé une source militaire de l'armée libyenne qui a signalé la destruction d'un système de défense aérienne de fabrication russe.

 

La même source a indiqué que le système a été détruit après avoir été visé par des frappes aériennes, sans donner plus de détails.

 

Le vice-ministre de la Défense du gouvernement d'union nationale, le colonel Salah Al-Namrouch, a souligné que la récente attaque aérienne contre la base d'Al-Wattia allait conduire à une reprise des affrontements armés.


Il a assuré que les forces armées gouvernementale étaient prêtes à mener la bataille de libération de Syrte et d'Al-Jafra au moment opportun.

 

Pour le porte-parole de l'armée libyenne affiliée au gouvernement, le colonel Mohamed Ganounou, l'attaque contre la base aérienne d'Al-Wattia a été menée par des avions étrangers en soutien à Haftar, signalant qu'elle intervient pour remonter le moral "aux milices et mercenaires Haftar".

 

Il a indiqué que cela n'affectera pas le cours des événements, ni des batailles à venir, assurant qu'ils ne changeront pas leur stratégie pour étendre le contrôle de l'Etat sur l'ensemble du territoire libyen.

 

Le Haut Conseil d'État a condamné l'attaque contre la base aérienne d'Al-Wattia, soulignant que cette frappe s'inscrit dans le cadre de l'entrave à toute tentative de construire une véritable armée nationale libyenne par Haftar et les pays qui le soutiennent.

 

Pour le Conseil d'Etat, cette frappe met en doute le sérieux des pays qui prétendent rechercher un cessez-le-feu et une solution pacifique en Libye alors qu'en même temps, ils soutiennent des actes criminels.

 

Pour sa part, un responsable du ministère turc de la Défense a affirmé en réaction au bombardement de la base aérienne d'Al-Wattia que le raid a provoqué la destruction de certains systèmes dans la base, affirmant que ce bombardement "accélérera le rythme des affrontements".

 

Le bombardement n'a pas fait de victimes, mais a plutôt visé certaines des installations de la base, qui ont été récemment apportées pour renforcer la base, y compris un système de défense aérien.

 

Ce bombardement contre la base aérienne d'Al-Wattia est la première fois depuis que les forces de l'armée libyenne en ont pris le contrôle, le 18 mai.

 

Sur le plan politique, les efforts dans la région se poursuivent pour instaurer la paix et la stabilité en Libye, alors que la poursuite de ces attaques ne fera qu'alimenter ouvertement le chaos et les affrontements, ont indiqué les observateurs.

 

Au niveau régional des consultations sont en cours entre les présidents tunisien, Kaïs Saïed et son homologue algérien, Abdelmajid Tabboune concernant les moyens de reprendre le dialogue en Libye.

 

Il y a une coordination et des consultations continues entre les deux présidents concernant le dossier libyen, selon le conseiller du président tunisien en charge de la diplomatie, Abdelkarim Harmi, cité par un communiqué publié, lundi.

 

Il a exprimé son espoir de la reprise du processus politique en Libye loin des combats et de la guerre, notant l'harmonie des positions et des visions entre la Tunisie et l'Algérie sur le dossier.

 

Le président du Congo, Dennis Sassou-Nguesso, s'est entretenu par téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine sur le dossier libyen.

 

Cette conversation téléphonique qui s'inscrit dans le cadre de la présidence de la République du Congo au Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye, a permis "des échanges de vues sur la situation dans ce pays et de souligner la nécessité d'une solution pacifique au conflit par le dialogue politique avec la participation de toutes les parties libyennes", a indiqué, un communiqué du Kremlin sur les pourparlers.

 

Pour sa part, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi di Maio, a estimé que "l'Italie et l'Union européenne devraient tout mettre en œuvre pour mettre fin au conflit et encourager la stabilité en Libye".

 

M. di Maio a indiqué que la Libye "se trouve à la croisée des chemins entre la poursuite de la lutte fratricide ou la reprise d'une voie de dialogue global pour parvenir à une stabilité durable", selon une déclaration à la presse rapportée par des journaux libyens.

 

Il a également noté qu'il y avait "un désir libyen en Europe et espère relancer une coopération large et mutuellement bénéfique", soulignant qu'il l'avait ressenti lors de sa récente visite à Tripoli.

 

De son côté, l'ONU s'est déclarée préoccupée par le bombardement de la base aérienne d'Al-Wattia par des avions non identifiés, avertissant que ces actions pourraient attiser le conflit en Libye et aggraver la détérioration de la situation des civils.

 

Lors d'une conférence de presse avec des journalistes, le porte-parole du secrétaire général, Stefan Dujarric, a appelé à la nécessité d'un cessez-le-feu, au respect de l'embargo sur les armes imposé à la Libye par le Conseil de sécurité des Nations Unies et à l'engagement envers les résultats de la Conférence de Berlin.

 

Avec la persistance de l'impasse politique et l'incapacité du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres à nommer un nouvel émissaire depuis la démission, le 2 mars, de Ghassan Salamé, le blocage politique pourrait favoriser l'aggravation de l'escalade militaire et enclencher un nouveau cycle d'affrontements autour de Syrte qui seront particulièrement sanglants, selon les analystes.
-0- PANA BY/IS 07juil2020