Agence Panafricaine d'information

Le groupe de travail des Nations Unies demande au Cameroun de libérer le journaliste Amadou Vamoulké

Paris, France (PANA) – Le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a estimé que la détention provisoire d’Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la CRTV, la radiotélévision publique camerounaise, n'a "pas de base légale" et a demandé que le journaliste soit "libéré immédiatement afin qu'il puisse recevoir le traitement médical nécessaire" à sa maladie.

L’organisme de l’ONU saisi par Reporters sans frontières (RSF) en janvier 2019, a déclaré dans ses conclusions communiquées récemment à RSF et au gouvernement camerounais, que la détention provisoire d’Amadou Vamoulké n'a "pas de base légale", car elle va "au-delà de la limite maximale prescrite par la loi, et sans explication suffisante du caractère raisonnable et nécessaire de cette mesure".

Dans sa conclusion, a souligné RSF, le groupe d'experts indique que "les violations du droit à un procès équitable sont d'une gravité telle qu'elles confèrent à la détention de M. Vamoulké un caractère arbitraire " et l'ONU demande "instamment" au gouvernement de libérer "immédiatement M. Vamoulké et de veiller à ce qu'il reçoive le traitement médical nécessaire dans toute la mesure du possible".

Amadou Vamoulké est poursuivi pour crimes économiques, le détournement de près de six millions d'euros au seul profit de la CRTV, et pas encore jugé malgré un procès fleuve qui dure depuis trois ans. Le journaliste ne faisait pas partie des prisonniers graciés par le Président Paul Biya, le 15 avril dernier, afin de décongestionner les prisons du pays à cause de la pandémie de la COVID-19.

"Les conclusions des Nations Unies sur le caractère arbitraire de cette détention rejoignent celles de RSF et viennent ajouter une nouvelle voie à celles déjà nombreuses qui demandent la libération de cet éminent journaliste africain. Nous appelons les autorités camerounaises à entendre ces appels. Au delà des graves manquements observés et établis dans la procédure, ce journaliste est âgé, malade et vit dans une prison touchée par l'épidémie de coronavirus. La dimension humanitaire de cette affaire devrait primer afin d'éviter que le pire survienne", a plaidé Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.  

RSF et 80 organisations avaient adressé, le 6 avril dernier, une lettre à dix présidents africains dont le président Paul Biya pour leur demander de libérer les journalistes emprisonnés dans leurs pays respectifs soulignant que dans le contexte de la crise sanitaire et dans des prisons surpeuplées, ils n'avaient pas la possibilité de s'isoler et qu'ils étaient souvent privés des soins médicaux nécessaires. 

-0- PANA BM/IS/SOC 13juin2020