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Le cramponnement des deux Premiers ministres à leurs positions, maintient le risque de confrontation militaire en Libye, selon le journal Al-Wasat

Tripoli, Libye (PANA) - Au moment où Ramadan, mois de jeûne des musulmans, tire à sa fin, sans qu'aucun incident majeur de sécurité ou affrontements armés ne se soit produit entre les deux camps en conflit parmi les soutiens des deux gouvernements rivaux dans le pays, contrairement aux craintes nourries à l'égard des tensions palpables qui sont apparues ces dernières semaines, le journal libyen Al-Wassat, estime, toutefois que le campement sur leurs positions par les deux Premiers ministres, Abdelhamid Al-Dbaiba et Fathi Bachagha, entretient le risque d'une confrontation militaire.

 

Une situation qui prévaut alors que Washington s'inquiète de la poursuite du blocus de sites pétroliers parallèlement aux efforts des Nations unies pour l'organisation des élections sur une base constitutionnelle, afin de sortir de la crise politique. 

 

Le journal Al-Wassat, hebdomadaire libyen, paraissant au Caire en Egypte, a affirmé que les Libyens ont poussé un soupir de soulagement avant la fin du mois de Ramadan sans que se produise ce dont ils avaient peur en raison de l'intensification de la lutte pour le pouvoir dans le pays, assurant, toutefois, que les craintes n'ont pas pris fin avec l'éventualité d'un retour des armes sur le terrain, avec la suite des chapitres de ce conflit, qui reprend de temps à autre le forme d'un langage de mise en garde contre l'option d'un conflit armé révélé par le discours, de temps à autre, des parties en conflit.

 

Depuis mars dernier, la Libye s'est retrouvée avec deux gouvernements, celui du Premier ministre en exercice, Abdelhamid Al-Dbaiba et du Premier ministre désigné par le Parlement, Fathi Bachagha, développement de l'impasse inhérente au report des élections du 24 décembre dernier.

 

Le Premier ministre désigné par la Chambre des représentants, Fathi Bachagha (l'une des parties au conflit), tente, avec ses ministres, de prouver la présence de son gouvernement sur le terrain, à travers sa tournée qui a inclus plusieurs régions, à l'Est et au Sud, a indiqué le journal, précisant qu'il a également tenté de persuader les concernés de la région du Croissant pétrolier de débloquer le blocus des ports pétroliers, malgré l'absence de ressources financières pour préparer le budget de l'État.

 

Le journal Al-Wassat a indiqué que le Premier ministre du gouvernement d'unité nationale, Abdelhamid Al-Dbaiba, a répondu aux actes de son rival, Bachagha, en annonçant la conclusion d'un accord pour reprendre la production de pétrole dans quelques jours, par le biais d'un comité qu'il a formé avec le ministère du Pétrole pour communiquer avec les notables et les dignitaires dans les zones adjacentes aux opérations pétrolières, décrivant la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) comme "la vache dont les Libyens boivent du lait".

 

Depuis mi-avril courant, des manifestants ont fait irruption dans plusieurs sites pétroliers dans différentes régions de Libye, demandant la passation du pouvoir au Premier ministre désigné par le Parlement pour entamer ses activités à partir de Tripoli.

 

Dans le contexte du conflit politique, M. Bachagha aurait réaffirmé, selon le journal, son refus d'exercer ses fonctions depuis la ville de Syrte (Centre) ou de Sebha (Sud), ajoutant que, dans un communiqué publié jeudi, il a menacé les pays s'immisçant dans les affaires de la Libye, que son gouvernement ne restera pas les bras croisés en l'empêchant de recevoir son siège dans la capitale, signalant que "sa patience ne durera pas face aux dangers auxquels le pays est confronté", accusant son adversaire, Dbaiba, de manipuler les ressources financières du peuple en les donnant à des groupes armés illégaux.

 

Au niveau militaire, l'hebdomadaire libyen a indiqué que la menace du Premier désigné par le Parlement a coïncidé avec la mise en garde du général de division, Ahmed Al-Mesmari, porte-parole du commandement général de l'armée nationale libyenne basée à l'Est dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, contre les dangers de la poursuite par le Premier ministre du gouvernement d'unité nationale de son maintien à son poste, ce qui "menace le retour du langage des armes en Libye", notant la dégradation  de la situation à la suite des tentatives de certaines parties qu'il n'a pas nommer de transférer les conflits régionaux vers le pays.

 

A son tour, le chef d'état-major général de l'armée loyale au gouvernement d'unité nationale, le général de corps d'armée, Mohamed Al-Haddad a, en présence des membres de la Commission militaire conjointe 5 + 5, évoqué, d'après le journal, les difficultés de la région de l'Ouest face à l'institution militaire à la lumière des craintes de voir l'armée glisser dans la guerre, sur fonds d'avertissements de plusieurs bataillons, à l'égard des avertissements qui ont été adressés à MM. Al-Dbaiba et Bachagha de la possibilité que le conflit politique entre les deux gouvernements se transforme en affrontements armés.

 

Le journal a précisé que la situation sécuritaire à Tripoli et dans le Sud de la Libye reste extrêmement fragile, signalant que des formations armées affiliées aux ministères de l'Intérieur et de la Défense du gouvernement d'unité nationale ont évité, mardi, un éventuel affrontement entre elles, permettant la réouverture de la route côtière reliant l'Ouest de la capitale libyenne et la ville de Zaouia (environ 45 km ouest de Tripoli).

 

Face à cet équilibre intérieur entre les camps en conflit, le journal Al-Wassat, a signalé que les mouvements des parties au conflit se sont intensifiés vers l'obtention d'un soutien régional et international pour leurs gouvernements, citant la visite du Premier ministre, Abdelhamid Al-Dbaiba en Algérie, qui a soutenu la mise en œuvre d'une initiative visant à organiser les élections législatives en juin prochain.

 

Le président algérien, Abdelmajid Tebboune qui a annoncé une prochaine conférence sur la Libye, a apporté son soutien au gouvernement d'unité nationale du Premier ministre, Abdelhamid Al-Dbaiba qui a présenté une initiative pour la tenue des élections et un référendum sur la Constitution en juin prochain.

 

L'Egypte qui est alliée au Parlement dirigé par Aguila Saleh, a apporté son soutien au gouvernement de Fathi Bachagha, rappelle-t-on.

 

Parallèlement, le journal a indiqué que Fathi Bachagha s'est contenté de saisir l'opportunité d'entretiens qu'il a tenus avec ce qu'il a qualifié de "hauts responsables américains" pour laisser entendre qu'il avait reçu le soutien de l'administration Joe Biden, déclarant avoir discuté avec eux des efforts pour mener des élections équitables et transparentes en temps opportun, afin de faire progresser l'économie et d'établir la sécurité et la stabilité politique.

 

Dans ce contre, Al-Wassat a indiqué que Washington est entré, par l'intermédiaire de son ambassade en Libye, dans la ligne de la crise des fermetures pétrolières, appelant à une fin immédiate du blocus des sites pétroliers, énumérant les dommages financiers et vitaux causés par les fermetures, rappelant aux responsables libyens un mécanisme proposé qui donne au peuple l'assurance que les revenus du pays seront distribués équitablement au peuple libyen.

 

Le gouvernement de Bachagha a appelé la Compagnie nationale libyenne de pétrole à accélérer la mise en oeuvre de ses propositions concernant les mécanismes nécessaires pour préserver et maintenir les fonds générés par les revenus pétroliers, de manière à garantir la fin de la crise de blocus de la production et des exportations de pétrole tout en garantissant la poursuite du paiement des salaires.

 

Parallèlement à la lutte pour le pouvoir entre les deux gouvernements, le journal a indiqué que le débat se poursuit sur le sort du projet de la Constitution, précisant que M. Al-Dbaiba a appelé au lancement d'une campagne médiatique portant sur la tenue de séminaires pour informer les citoyens du contenu et des points de discorde sur le projet de la Constitution parachevé depuis 2017, après que le Parlement a annoncé le 9 avril la formation d'un comité de 12 membres pour examiner les points de discorde dans le projet sur fonds du rejet de cette proposition par l'Assemblée constituante pour la rédaction de la Constitution.

 

Le journal a affirmé qu'alors que les efforts déployés par la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) qui cherche à faciliter les réunions de la commission de suivi constitutionnel composé de délégués de la Chambre des représentants et du Haut Conseil État, qui devrait retourner au Caire pour terminer la discussion sur les lois nécessaires à la tenue des prochaines élections, la Conseillère spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Stephanie Williams, a entamé, de son côté,  une tournée européenne qui a débuté à Berlin puis à Londres, où elle a obtenu le soutien britannique pour une "voie électorale constitutionnelle viable" en Libye.

 

Une rencontre de suivi des consultations dont le premier round s'est terminé mi-avril au Caire entre le Parlement et le Haut Conseil d'Etat pour l'élaboration d'une base constitutionnelle dans le cadre de la médiation de Mme Stephanie doit, reprendre mi-mai prochain en vue de l'établissement d'un calendrier clair pour des élections justes et transparentes dont les résultats seront acceptés par toutes les parties libyennes.
 -0- PANA BY/IS 30avr2022