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Le Soudan du Sud est sur le "chemin d'une paix durable", selon l'Envoyé spécial de l'ONU

New York, Etats-Unis (PANA) - Les "développements positifs" ont remis le Soudan du Sud sur le "chemin d'une paix durable", a déclaré mercredi l'Envoyé de l'ONU, David Shearer, devant le Conseil de sécurité.

Néanmoins, un éventail impressionnant de défis "mettent à l'épreuve l'unité du nouveau gouvernement", a souligné en visioconférence le représentant spécial et chef de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS).

 "L'urgence est de mettre en place les dispositions sécuritaires transitoires", a dit le chef de la MINUSS, qui souligne que les structures pré-transitionnelles sont devenues redondantes. 

Alors que le mandat de la Mission onusienne doit être renouvelé, M. Shearer a jugé qu'il serait prématuré de prévoir des changements.

Selon lui, la mobilité des forces de maintien de la paix va se poursuivre et se concentrer sur le soutien aérien et fluvial.

Un communiqué de l'ONUi indique que la Police des Nations unies (UNPOL) va étendre ses activités afin de "mieux combattre l'impunité et accompagner le transfert de responsabilités à une police civile".

Alors que la méfiance reste de mise au sein de la communauté internationale, a dit l'envoyé spécial, "si nos actions peuvent faire avancer le Soudan du Sud vers une paix durable, notre inaction le condamnerait à l'échec".

"Les partenaires internationaux doivent continuer à encourager les solutions de compromis afin de maintenir l'unité du pays. L'avenir du Soudan du Sud en dépend", a-t-il noté.

La situation humanitaire est précaire dans de nombreux Etats.

"Les niveaux de récolte attendus il y a 12 mois ont été annulés par les inondations de l'an dernier" a-t-il expliqué.

Celles-ci ont entraîné la destruction des cultures, la mort de nombreuses têtes de bétail et la contamination de l'approvisionnement en eau, "détériorant encore les conditions sanitaires et aggravant les violences intercommunautaires, particulièrement pour les enfants et les personnes qui ont peu accès aux services de santé.

En revanche, a-t-il dit, la menace d'une invasion acridienne n'a pas encore eu d'effet notable, mais l'Agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) "se prépare à agir pour protéger les récoltes". 

La plus jeune nation du monde est en proie à l'instabilité et à un conflit depuis près de huit ans après son accession à l'indépendance du Soudan.

En 2018, le Président Salva Kiir et son ancien vice-président et rival politique de longue date,  Riek Machar, ont signé un accord de paix dans l'espoir qu'il mettrait fin à la crise et améliorerait la vie et la sécurité de millions de Sud-Soudanais.

Et le mois dernier, M. Machar a prêté serment comme premier vice-président au palais présidentiel de Juba.

"Le 15 février, le Président Salva Kiir, contre l'avis de nombre de ses partisans, a proposé de faire revenir le Soudan du Sud à un système fédéral de 10 Etats, sur les positions d'avant 2015, tout en ajoutant trois zones administratives", a rappelé M. Shearer.

Il a noté que M. Machar "a accepté de participer à un gouvernement de transition à Juba en tant que Premier vice-président et ce, bien que le dispositif transitoire de sécurité ne soit pas encore en place".

Cinq vice-présidents ont pu être investis par la suite.

M. Shearer a attribué ces progrès à la volonté politique des deux hommes de faire passer l'intérêt de leur pays avant le leur : le Président Kiir ayant fait une "concession importante" et M. Machar ayant accepté de revenir dans la capitale.

"Nous parlons de courage en temps de guerre et de bataille", a-t-il dit, "mais la paix requiert également du courage", a rappelé M. Shearer aux membres du Conseil.

Alors qu'un sentiment de soulagement s'est emparé du pays, l'envoyé de l'ONU a dit que les groupes non signataires de l'Accord de paix de 2018 retourneront à Rome la semaine prochaine pour intégrer ledit accord.

Citant l'Organisation internationale pour la migration (OIM), qui estime que 800 000 personnes sont rentrées depuis la signature de l'Accord de paix, M. Shearer a assuré le Conseil que "le nouveau gouvernement peut susciter des changements positifs".

Par ailleurs, la MINUSS a accru sa présence protectrice afin de renforcer la confiance dans les zones de retour.

Dans le même temps, la Police des Nations unies augmente son assistance technique et travaille de concert avec le Service de police nationale.

Pour l'envoyé spécial, "le cessez-le-feu et la libre circulation des leaders de l'opposition au Soudan du Sud ont fait baisser le risque de violence", et la MINUSS a placé en priorité les Casque bleus dans les "zones à risque et les zones de retour".

Toutefois, il a averti que l'absence de services de santé et d'éducation dans les zones rurales a découragé les retours.

Cette situation requiert l'intervention des acteurs du développement et des acteurs humanitaires, "y compris les donateurs".

-0- PANA MA/NFB/JSG/SOC 05mar2020