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Le Président IBK a ignoré les appels à la réforme de sa gestion politique, selon le chef de la diplomatie française

Paris, France (PANA) - Le ministre française des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, a déclaré, jeudi, que l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Kéita, déposé mardi par les militaires, n’a pas entendu les nombreux appels qui lui ont été faits pour reformer son système politique.

« Il y a eu des alertes nombreuses qui ont été manifestées à l'égard du Président IBK pour lui dire qu'il fallait arrêter ce type de pratiques politiques. Ces alertes ont été faites et par le Président Macron, je me souviens de la réunion de Nouakchott, à la fin du mois de juin, mais aussi par les collègues du Président IBK, l'ensemble des chefs d'Etat de la région s'est rendu à Bamako pour dire au Président IBK : "Il faut réformer, il ne faut pas accepter ces manœuvres-là" », a affirmé, jeudi, Jean-Yves le Drian dans une interview à la radio française RTL.

Le chef de la diplomatie française a ajouté qu’il y a eu ensuite cette révolte du peuple, évoquant le vaste mouvement de contestation enclenché depuis le mois de juin sous l’impulsion de l’Imam Mahmoud Dicko, des partis d'opposition et de la société civile réclamant la démission du Président Ibrahim Boubacar Keita et dénonçant l'impuissance des autorités maliennes face à l'insécurité, la crise économique.

Les protestataires, rappelle-t-on, dénonçaient également les conditions de la tenue des législatives et la décision de la Cour constitutionnelle qui a recalé des candidats déclarés vainqueurs en falsifiant des résultats, dont une dizaine au profit du parti du Président IBK.

« C'est d'abord une crise de confiance interne au Mali. Il y a eu une rupture de la confiance entre le peuple malien et son président. A la suite d'élections qui ont eu lieu au mois d'avril dernier qui ont été contestées, en particulier pour l'élection d'une trentaine de députés, dont on peut dire qu'il y avait, semble-t-il, des gros troubles... », a indiqué Jean-Yves le Drian.

L’officiel français a poursuivi : « Et je pense que le Président IBK n'a pas entendu ce qui se passait. Alors, il y a eu un coup d'Etat que nous condamnons, mais il y a eu aussi la démission du Président IBK. Donc, aujourd'hui, il faut faire en sorte que la transition puisse se faire rapidement, que le pouvoir soit remis aux civils et qu'il y ait un agenda politique qui permette à ce pays de retrouver une stabilité politique. Mais pendant ce temps-là, l'action militaire ne s'arrête pas », a souligné le ministre français des Affaires étrangères.

Un coup d’Etat a entraîné le 18 août dernier la démission du Président Ibrahim Boubacar Keita et l’arrivée au pouvoir d’une junte militaire, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), après que le pays a été plongé dans une crise politico-sociale suite à un vaste mouvement de contestation enclenché depuis le mois de juin par des partis d'opposition et la société civile réclamant la démission du Président Ibrahim Boubacar Kéita.

-0- PANA BM/BEH 28août2020