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La police arrête le talk-show radiophonique du chef de l'opposition ougandaise et le chaos s'empare de la ville

Kampala, Ouganda (PANA) - La police ougandaise, soutenue par l'armée, a fait irruption dans une station de radio de la ville orientale de Jinja, obligeant la direction à arrêter un talk show en direct et empêchant le leader de l'opposition, Kizza Besigye, de s'adresser à ses partisans.

Après que le signal de la radio a été coupée, les policiers ont forcé Besigye et ses collaborateurs à sortir des studios; ils ont embarqué dans son véhicule avec l'intention de le remorquer, mais son chauffeur a pu démarrer avant l'opération.

L'agitation a ensuite éclaté lorsque l'un des assistants de Besigye a affiché une photo de mains ensanglantées sur Facebook.

Fred Enanga, le porte-parole de la police, a cependant nié que la police avait coupé le signal de la station de radio, soulignant que la réglementation des stations de radio relève de la responsabilité de l'Uganda Communications Commission (UCC).

Le porte-parole de l'UCC, Fred Otunnu, a cependant nié également avoir eu connaissance du développement. Jinja est à 82 km de la Capitale, Kamapala.    

Besigye, qui a défié le Président Yoweri Museveni lors de quatre élections précédentes, est en tournée dans tout le pays pour demander aux Ougandais de se lever et de se défaire de Museveni avant les prochaines élections prévues en 2021.

Le chef de l'opposition, célèbre pour avoir organisé des manifestations de rue, s'était calmé pendant environ deux ans après les élections de 2016, mais avait déclaré fin 2018, qu'il avait fait un travail préparatoire suffisant pour que Museveni soit chassé du pouvoir en 2019, année qu'il avait déclarée "l'année de l'action".

Besigye affirme avoir remporté les élections de 2016 avec 52% des voix, bien que la commission électorale ait déclaré Museveni vainqueur avec 60,9% et Besigye, un peu plus de 35,6% des voix.

Après s'être déclaré vainqueur de l'élection de 2016, une vidéo a fait surface sur les médias sociaux montrant Besigye prêtant sermenté comme président, ce qui a incité la police à l'arrêter et à l'accuser de trahison.

Le procès pour trahison cependant, n'a pas démarré et Besigye a depuis refusé de se présenter au tribunal où il a été inculpé et où il est tenu de se présenter tous les deux mois.

Le tribunal a réagi en délivrant des citations à comparaître contre lui, mais même cela ne l'a pas contraint à venir devant le tribunal.

Besigye affirme qu'il aurait contesté devant les tribunaux les résultats des élections de 2016, mais qu'il a été assigné à résidence jusqu'à la fin des dix jours au cours desquels un candidat à la Présidence lésé peut déposer une requête en justice.

Parce que ce créneau n'existait plus, Besigye a exigé un audit de 2016 réalisé par des organisations internationales "crédibles", mais cette proposition, qui n'est pas prévue par la loi ougandaise, a été rejetée par le gouvernement.

Besigye a ensuite inauguré ce qu'il appelle le "gouvernement du peuple", avec un cabinet et l'équivalent d'une assemblée législative, le "parlement du peuple".

Ces dernières semaines, Besigye a parcouru le pays pour inaugurer ce qu'il appelle des "assemblées populaires" au niveau local, et préparer son équipe à une action de masse non-violente, qu'il considère comme légale et légitime dans les circonstances.

La police a fermé les yeux sur lui au début de cette série d'activités, mais elle a depuis retroussé les manches pour l'affronter.

Au cours des deux dernières semaines, ses activités ont été bloquées par la police qui a usé du gaz lacrymogène et tiré des balles en l'air à cinq endroits différents; l'incident de Jinja, qui a perturbé son émission, est le deuxième en deux semaines.  

-PANA EM/VAO/MTA/BEH/SOC 14avr2019