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La compagnie Tunisair menacée de faillite

Tunis, Tunisie (PANA) - Confrontée depuis plusieurs années à des difficultés financières aiguës dues, notamment, à un effectif pléthorique et à une flotte vieillissante, la compagnie Tunisair traverse aujourd’hui une crise sans précédent qui met en cause sa survie.

La fermeture des espaces aériens à cause de l’épidémie du coronavirus est venue aggraver la situation, à telle enseigne que le spectre de la faillite plane désormais sur le transporteur national, selon son directeur général.

La compagnie, qui a assuré le transport de plus de 40 pc des quelque neuf millions de touristes ayant visité la Tunisie en 2019 a, en effet, subi le contre-coup de l'arrêt du trafic aérien.

Elyes Mnakbi estime que les retombées économiques de la crise sanitaire sur l’activité de Tunisair ont engendré un manque à gagner, en termes de chiffre d’affaires de l’ordre de 150 millions de dinars, soit environ 50 millions de dollars.

Rien que pour payer les salaires du mois de mai, la compagnie avait besoin de 100 millions de dinars, soit plus de 33 millions de de dollars.

Le patron de Tunisair a brandi la menace de la mise au chômage technique d’un grand nombre d’employés les prochains mois.

“Sans plan de sauvetage, la survie n’est plus qu’une question de semaines”, a-t-il averti.

Intervenant devant le Parlement, en fin avril dernier, le ministre du Transport et de la logistique, Anouar Maarouf, a qualifié de “catastrophique” la situation de Tunisair, qui nécessite “des réformes profondes, des sacrifices, des décisions audacieuses”, en évoquant la corruption qui, selon lui, y est très répandue.

Fin 2018 déjà, Tunisair accusait un endettement qui a atteint plus de 350 millions d’euros dont la moitié serait due à l’Office de l’Aviation Civile et des Aéroports (OACA).

Les charges salariales trop lourdes dues à un sureffectif d’employés en sont l’un des principaux facteurs.

La compagnie compte en effet quelque 7.800 agents et cadres, alors qu’elle n’en a besoin que de 2.000, selon les normes internationales en la matière, estiment les experts.

Pour atténuer, un tant soit peu, le fardeau, la direction de la compagnie a concocté un plan de restructuration qui prévoit le départ de seulement 1.200 employés.

D’un coût estimé à un milliard de dinars, soit plus de 300 millions d’euros, ce plan préconise, en outre, des réformes de mise à niveau, en prévision d’une prochaine entrée en vigueur de l’accord d’Open Sky signé avec l’Union européenne, qui ouvrirait le ciel tunisien à des compagnies étrangères plus puissantes et qui, selon les syndicats, porterait le coup de grâce au transporteur national, autant de raisons qui ont fait que le plan n’a pas reçu l’aval du gouvernement.

L’autre grande tare de la compagnie réside dans sa flotte vieillissante (28 avions dont la moyenne d’âge est de 15 ans) et des appareils souvent immobilisés et retirés du trafic, la compagnie n’ayant pas les moyens financiers d’acheter les pièces de rechange.

Le capital de Tunisair est détenu en majorité par l’Etat Tunisien 64,86 pc, 5,58 pc par Air France, 9,56 pc par trois caisses sociales tunisiennes et 20 pc par de petits porteurs via la Bourse de Tunis.

-0- PANA BB/JSG/SOC 16mai2020