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La Francophonie, cadre pour le rapprochement et le développement ou outil de domination ?

Tunis, Tunisie (PANA) - La communauté francophone célèbre le 20 mars de chaque année, la Journée internationale de la Francophonie décrétée le 19 février 2010 par les Nations unies avant d'être adoptée en 2013, par l'UNESCO.

Le 20 mars coïncide également avec la date de la création de l'Agence francophone de coopération culturelle et technique en 1970 à Niamey, au Niger, avant de devenir plus tard l'Agence gouvernementale de la Francophonie, qui est considérée comme l'instance supérieure des structures de l'Organisation internationale de la Francophonie.

Un récent rapport de l'Observatoire de la langue française de l'OIF, a recensé le nombre des francophones dans plusieurs pays dont la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie, indiquant que la Tunisie est à la tête du Maghreb arabe par rapport au nombre de personnes qui utilisent la langue française dans leur vie quotidienne, avec un taux de 52% de la population totale, suivie du Maroc avec un taux de 35% de la population.

Dans l'ensemble du continent africain, on dénombre 96 millions de personnes qui parlent le français dans les pays francophones africains, a indiqué la même source.

L'avenir de la Francophonie en Tunisie et dans le Maghreb arabe a été relancé par le discours prononcé, en février 2018, par le Président français, Emmanuel Macron, notent les observateurs. La Francophonie a été souvent fortement critiquée dans les pays du Maghreb arabe où les intellectuels et les forces politiques la considèrent comme un outil de domination culturelle, qui facilite la pérennisation de la présence française et la préservation de ses intérêts dans la région.

Le chercheur marocain, Maher Malah estime que ce système culturel ''a été conçu dans la forme d'un projet de domination doté d'une idéologie chauviniste''. Il a énuméré, à cet égard, des témoignages dont celui fourni par le général De Gaulle qui a affirmé que la langue française est un outil de guerre alternatif aux armées, préservant ''nos intérêts plus que les armées''.

L'ancien président français, François Mitterrand, a abondé dans le même sens lors du Sommet de la Francophonie de Versailles, tenu en 1986 en affirmant: ''Si nous ne parvenons pas au constat que l'appartenance à la Francophonie politiquement, économiquement et culturellement représente un plus, alors nous avons échoué dans le travail que nous avons commencé depuis plusieurs années''.

Pour l'histoire, la première flotte partie de la France pour conquérir l'Algérie portait, en plus des armes, une imprimerie de langue française.

-0- PANA YY/IN/BEH/IBA/SOC 20mars2019