Agence Panafricaine d'information

La COVID-19 et les conflits ont forcé plus de 12 millions d'enfants à quitter l'école dans la région du Sahel central

Dakar, Sénégal (PANA) - Selon une organisation humanitaire, 12 millions d'enfants ont manqué jusqu'à quatre mois d'école au Burkina Faso, au Mali et au Niger en raison des restrictions imposées par la COVID-19.

Par ailleurs, 776.000 enfants ont été empêchés d'aller à l'école toute l'année en raison de l'insécurité, selon les nouveaux chiffres publiés lundi par le Conseil norvégien pour les réfugiés (CNR).

"Les enfants sont victimes d'une double menace pour la santé et la sécurité dans le Sahel central. Les 40 000 écoles de la région ont été contraintes de fermer à cause de la pandémie, poussant les élèves de la maternelle au secondaire hors des classes dans une zone où l'accès à l'éducation est souvent déjà entravé par l'insécurité croissante, les déplacements répétés et la pauvreté", a déclaré Maureen Magee, directrice régionale du CNR en Afrique centrale et de l’Ouest.

Le CNR a indiqué dans un communiqué que bien que les écoles commencent à rouvrir dans toute la région, beaucoup d'entre elles manquent de ressources essentielles pour atténuer le risque de transmission de la COVID-19.

Au Niger, les installations d'eau et d'hygiène dans les écoles sont loin d'être adéquates, a souligné le CNR.

Seuls 15 % des quelque 18 000 écoles du pays disposent de points d'eau, et moins d'un tiers ont des toilettes. Au Burkina Faso, les écoles surpeuplées abritent des enfants déplacés qui fuient la violence, même si les mesures de prévention de la transmission de la COVID-19 nécessitent moins d'élèves par classe.

Le CNR a noté que ses chiffres indiquent que la situation des élèves des écoles touchées par les conflits au Burkina Faso, au Mali et au Niger reste au point mort.

Plus de 4.000 écoles abritant 776.000 élèves sont restées fermées rien que pour des raisons d'insécurité pendant l'année scolaire 2019-2020. C'est presque deux fois plus qu'en 2018-2019.

Le rapport soutient que 90 attaques ont frappé le secteur de l'éducation dans le Sahel central entre janvier et juillet 2020 seulement. Le Burkina Faso a connu le plus grand nombre d'attaques avec plus de 40 incidents signalés, dont des incendies criminels, des pillages d'écoles, des enlèvements, des menaces et des meurtres d'enseignants.

"Quatre mille écoles sont fermées ou incendiées, les bancs sont empilés, les tableaux sont vides et les enseignants sont absents. Trop d'enfants dont les vies sont déjà dévastées par les conflits, voient maintenant leur avenir ne tenir qu'à un fil", a ajouté M. Magee.

Selon le CNR, les enfants non scolarisés sont particulièrement exposés à l'exploitation sexuelle et à la violence. Les cas de mariages d'enfants pour les filles scolarisées ont augmenté en flèche ces dernières années.

L'ONU a enregistré 387 cas au Mali en 2020, contre 178 deux ans plus tôt. Les élèves de sexe masculin sont également confrontés à de graves risques en matière de protection. Plus de 190 cas d'enrôlement par des groupes et forces armés au Mali ont été enregistrés entre janvier et juin 2020.

Le financement de la réponse éducative au Mali, au Burkina Faso et au Niger est insuffisant, avec seulement 15 % des fonds reçus cette année, a averti le CNR.

Alors que la communauté internationale se réunit le 20 octobre au Danemark pour discuter de l'avenir des réponses humanitaires dans le Sahel central, le CNR appelle à une augmentation urgente des ressources afin de garantir que les enfants vulnérables, en particulier les enfants déplacés, soient protégés et continuent d'avoir accès à une éducation de qualité.

"La conférence d'engagement sur le Sahel central doit inscrire l'éducation et la protection des écoles à son ordre du jour. Elle ne peut pas être le lieu de promesses non tenues une fois de plus. Seuls de véritables engagements politiques à la hauteur des enjeux de l'éducation dans la région permettront aux enfants de tourner la page et d'écrire un chapitre plus brillant pour la prochaine année scolaire", a déclaré M. Magee.

-0- PANA MA/AKA/TBM/SOC 20oct2020