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L'association des jeunes filles leaders de Guinée déterminée à donner à la femme guinéenne sa dignité

Conakry, Guinée (PANA) - La présidente des jeunes filles leaders de Guinée, Mlle Idrissa Bah, a affirmé vendredi à la PANA, en marge des festivités de la Journée internationale de la Femme que son organisation est déterminée à donner à la femme sa dignité.

Pour ce faire, son association multiplie les actions sur le terrain en vue de se faire entendre par les pouvoirs publics, appelés à être vigilants sur le respect des droits des femmes de Guinée.

Selon la présidente des jeunes filles leaders, le thème de cette journée, décrétée par les Nations-unies : "Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement", est plein de signification.

Elle se félicite que sa structure a eu à "casser plusieurs mariages précoces avec des filles adolescentes". Le dernier exemple en date, qui a fait grand bruit dans le pays, est celui scellé récemment entre un homme d'une quarantaine d'années et sa conjointe, âgée à peine de 13 ans, dans la préfecture de Mali Yembèring, à plus de 600 km de Conakry.

La multiplication des dénonciations de ces cas de mariage précoce a fait capoter ce mariage, assure-t-elle, ajoutant que c'est ce qui a permis à la justice de se saisir de l'affaire qui suit son cours. La loi fixe l'âge du mariage à 18 ans pour la jeune fille en Guinée.

"En 2018, nous avons empêché 18 mariages précoces. Nous attendons la saison des pluies pour surveiller de près les parents qui vont tenter d'exciser leurs filles. Dans le chapitre des violences conjugales, nous avons recensé deux cas", a-t-elle affirmé.

La présidente des jeunes filles leaders cite pèle-mêle plusieurs cas de mariage précocs portés à la connaissance de sa structure qui a mis les bouchées doubles pour annihiler ces tentatives.

"Une fille, mariée de force, battue et violée à tout moment, a eu droit à notre assistance, mais elle a été rejetée par sa famille. Nous l'avons hébergée dans une famille d’accueil. Une autre, dans la commune de Ratoma, à Conakry, a été violemment battue par son tuteur, contre lequel nous avons porté plainte", a-t-elle rappelé. 

Cette jeune fille aussi, dit-elle, a été rejetée par sa famille, avant que les jeunes filles leaders ne la prennent en charge dans une famille d’accueil à Kindia, à 135 km de la capitale.

Les jeunes filles leaders se sont fait entendre récemment après la découverte de plusieurs cas de viol enregistrés dans la capitale où les présumés coupables, dit-elle, sont incarcérés en attendant leur jugement.

Le combat des jeunes filles leaders est en rapport avec la ratification depuis 2011 par la Guinée de la Convention relative aux domestiques.

La secrétaire générale du Syndicat des employés de maison (SYNEM), Asmaou Bâh, qui regroupe plus de 2.000 employées de maison (en majorité des femmes), déplore que malgré cette ratification, sur le terrain, les domestiques sont maltraitées et mal payées.

"En Guinée, elles touchent entre 150. 000 et 350.000 francs guinéens (environ 20.000 francs CFA) par mois). Ce n’est pas normal. Elles font souvent l'objet de harcèlement sexuel par leurs employeurs, mais elles se taisent pour ne pas perdre leur emploi", dénonce-t-elle.

Pour sa part, la présidente de l'Association des professionnelles africaines de la communication (APAC), Asmaou Barry, dénonce la disparité entre les hommes et les femmes journalistes.

Elle assure ne pas pouvoir accepter le rôle dévolu aux hommes des médias qui sont "les rois de la couverture de l’actualité", tandis que les femmes sont confinées à s'occuper des faits divers, de société, de la culture, la météo, entre autres.

"Notre société est patriarcale (...) Les femmes journalistes ne peuvent pas voyager pour des reportages ou sortir du pays pour les besoins de leur métier. Le journalisme est trop exigeant, il demande de la disponibilité, ce que les femmes n’ont pas en Guinée", dénonce-t-elle.

Selon Mme Barry, l'APAC n'entend pas se laisser faire, ce qui a incité la structure à mettre en place des projets impliquant exclusivement les femmes dans la couverture médiatique des "grands sujets" pour corriger la situation.

-0- PANA  AC/TBM/SOC    08mars2019