Agence Panafricaine d'information

L'Union africaine commémore deux décennies d'existence

Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) - L'Union africaine est en train de commémorer la fin de sa deuxième décennie depuis qu'elle a pris la relève de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), qui a réussi un exploit en assurant la fin du colonialisme sur le continent.

Une phrase populaire : "C'est notre organisation politique continentale et elle nous a bien servi", a été utilisée pour démontrer la puissance de l'Union africaine revitalisée.

Pour marquer cette étape historique des 20 ans d'existence de l'organisation, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a rappelé la création de l'organisation revitalisée à la suite de la Déclaration de Syrte.

"En ce jour, il y a 20 ans, la Déclaration de Syrte appelait à la création de l'Union africaine. Le bloc a été fondé le 26 mai 2001 à Addis-Abeba, en Ethiopie, et lancé le 9 juillet 2002 en Afrique du Sud pour remplacer l'Organisation de l'unité africaine", a déclaré M. Mahamat sur Twitter lundi.

Le vice-président de la Commission de l'UA, Kwesi Quartey, a également rappelé la date historique, il y a 20 ans, le 9 septembre 1999, lorsque l'OUA a cédé la place à la création de l'UA.

"L'UA est prête à construire une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique dans le monde", a tweeté M. Quartey, un diplomate ghanéen chevronné.

Les critiques de l'UA regrettent souvent l'omission du titre "Organisation" dans le nom en suggérant qu'elle a nié à la Commission de l'UA le souci critique d'améliorer ses compétences organisationnelles.

Cependant, au cours de ses deux décennies d'existence, l'Union a franchi des étapes importantes. Elle a évité un quasi-génocide au Darfour, la région occidentale du Soudan, en déployant des soldats de la paix.

L'opération de maintien de la paix au Darfour reste l'une des plus anciennes, mais elle a établi la capacité de l'Afrique et celle des pays africains à stabiliser des points de tension explosifs.

Au début de son existence, il y avait au moins 14 guerres civiles et conflits actifs sur le continent, une pauvreté endémique, la maladie et l'isolement international de l'Afrique.

"Oui, nous ne sommes pas là où nous voulons être, mais nous ne sommes pas non plus là où nous étions auparavant", a fait remarquer M. Quartey.

La Commission de l'UA doit ses succès au leadership transformateur et à la détermination de certains de ses dirigeants à conduire le continent vers la prospérité.

Nulle part ailleurs dans le monde aujourd'hui, il n'existe un cadre et un plan élaborés pour faire face à l'instabilité politique qu'en Afrique, sous la responsabilité de l'UA.

Le Président Alpha Konaré, qui a dirigé l'Union au plus fort de la guerre civile au Darfour, où une politique de la terre brûlée était en place, est surtout rappelé pour avoir transformé l'organisation et l'avoir rendue pertinente.

C'est sous sa direction que l'Autorité inter-gouvernementale pour le développement (IGAD), une organisation régionale de la Corne de l'Afrique, a réussi à créer une opération régionale de maintien de la paix en Somalie.

Ce dont on rêvait à l'origine, la Mission de maintien de la paix de l'IGAD en Somalie (IGASOM), s'est rapidement transformée en Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM).

Afin de parvenir à un accord sur les effectifs militaires autorisés pour l'opération risquée de la Somalie, les chefs d'Etat et de gouvernements de l'UA, alors présidée par le président ghanéen, John Kofuor, ont tenu un sommet de l'UA qui a duré toute la nuit, avant de décider de déployer 7.000 soldats. Mais le manteau est tombé sur le Gabonais, Jean Ping, qui a assumé la tâche en tant que président de la Commission, de localiser et de déployer les troupes pour servir en Somalie.

Au moment de son déploiement, la Somalie venait d'être le théâtre d'une guerre plus impitoyable et les troupes éthiopiennes sont intervenues pour installer le Gouvernement somalien de transition (GST).

Les rebelles au Darfour, au nombre d'environ 1.000 combattants, avaient envahi le 30 septembre 2007 le Quartier général des forces de maintien de la paix de l'Union africaine à Haskananita (Darfour-Sud) et tué 10 soldats, dont 7 Nigérians et 3 autres du Botswana, du Mali et du Sénégal.

Au moment où l'UA a déployé des troupes dans une guerre active, l'ONU et ses organes n'avaient jamais prévu de partir en guerre. L'ONU n'a cessé de réitérer la nécessité d'accords de paix pour servir de base au déploiement de ses casques bleus.

Mais c'est le lobbying silencieux et les tactiques diplomatiques qui ont conduit l'ONU à se joindre à la Mission au Darfour, ce qui a conduit à rebaptiser la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS) en Mission hybride ONU-UA au Darfour (MINUAD), qui se termine actuellement.

En Afrique de l'Est, le président ougandais Yoweri Museveni a déployé des troupes en Somalie, qui ont été impitoyablement attaquées au débarquement. Mais les combats des troupes ougandaises et leur puissance de feu conduiront à l'ouverture des couloirs de secours humanitaire et élargiront l'espace opérationnel du nouveau Gouvernement somalien à Mogadiscio.

L'Algérie, dont les citoyens compétents avaient occupé le rôle de l'UA en matière de sécurité, interviendrait en silence, alors même qu'elle déployait un autre citoyen, Ramtane Lamamra, pour prendre le poste de commissaire pour la Paix et la Sécurité.

L'Algérie fournit souvent un appui logistique et un soutien technique au transport aérien d'armes ou agit en fournissant des produits pétroliers utilisés lors des missions de maintien de la paix.

L'entrée des troupes éthiopiennes en Somalie va enhardir un groupe de milices dirigé par des clans à se transformer en groupes armés, tandis qu'Al-Shabaab prend de l'importance en 2006, un an avant l'arrivée des troupes éthiopiennes. Le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi,  succédait dans la foulée à Olusegun Obasanjo (Nigeria), Thabo Mbeki (Afrique du Sud) et Abdelaziz Bouteflika (Algérie), pour diriger la restructuration économique du continent, grâce au Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), fortement critiqué alors par le guide libyen Mouammar Kadhafi.

Selon le regretté dirigeant libyen, le NEPAD aurait dû être abandonné parce que c'était un stratagème occidental de l'administration George Bush pour combattre l'UA. Mais Khadhafi cédera plus tard et acceptera que les pays africains ont besoin d'Investissements étrangers directs pour se développer.

M. Khadhafi a également rappelé que les dirigeants de l'UA avaient mordu à l'hameçon en Occident pour discuter de questions telles que le terrorisme, une idéologie occidentale à l'époque, selon lui. La montée en puissance de l'Union africaine semblait irrépressible lorsque l'Union s'est lancée dans l'établissement de ses relations avec les puissances occidentales et que le Japon et la Chine sont devenus de grands concurrents de l'influence américaine et française en Afrique.

La Libye accueillera le Sommet Union européenne-Union africaine, quelques mois seulement avant le déclenchement de la guerre civile en Libye. Washington D. C. suivra avec un sommet de la Maison-Blanche avec tous les dirigeants africains et la visite du président Barack Obama au siège de l'UA des mois plus tard.

L'ingénierie politique et diplomatique en Afrique a continué de se développer, atteignant son apogée en 2014, lorsque le 30 septembre 2014, un homme a réussi à se rendre aux Etats-Unis en provenance d'Afrique de l'Ouest, avant que le virus Ebola ne donne des résultats négatifs. Entre 2014 et 2016, au plus fort du fléau Ebola en Afrique de l'Ouest, au moins 10 personnes ont été traitées pour Ebola sur le sol américain. Il y a eu une réaction en chaîne lorsque le premier cas d'Ebola a atteint l'Afrique de l'Ouest.

Des sources ont par la suite déclaré à la PANA que les dirigeants africains avaient délibérément tenté d'attirer l'attention de la communauté internationale après des mois d'absence de réaction de la part des puissances mondiales, ce qui a abouti à l'échec de la tentative d'empêcher le passager de rejoindre les Etats-Unis. Les Etats-Unis ont chargé l'Union africaine d'organiser le tout premier déploiement d'une force non-militaire, mais d'une force sanitaire, pour répondre à l'épidémie d'Ebola en Afrique occidentale.

Le succès de l'opération a permis d'établir les lettres de créance de Nkosazana Dlamini-Zuma, sud-africaine, alors présidente de la Commission de l'Union africaine. Elle a joué un rôle déterminant dans l'élaboration de l'Agenda 2063, qui a défini la voie de la diplomatie économique et renforcé la détermination de l'Afrique à mettre en œuvre un plan ambitieux de développement économique.

Moussa Faki, qui sortira plus tard vainqueur d'une compétition acharnée, a établi ses lettres de noblesse en menant une diplomatie discrète et la recherche du consensus, souvent en évitant la controverse, mais jamais trop timide pour exiger le respect de l'Afrique.
-0- PANA AO/AR/MTA/TBM/IBA/SOC 09sept2019