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L'Ethiopie termine l'année 2013 sur un gigantesque projet de barrage

Par Anaclet Rwegayura, correspondant de la PANA

Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) - 2013 a été sans conteste une année palpitante pour l'Ethiopie au regard des événements qui se sont déroulés partout dans le pays et, plus particulièrement, du grand saut épique pour le développement modernisé du pays.

L'année finissante a vu ce pays de l'Est de l'Afrique abriter le Jubilé d'or de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) devenue Union africaine (UA), évènement historique sur le continent et cadre de lancement de l'Agenda 2063 destiné à transformer entièrement l'Afrique dans les 50 prochaines années.

C'est à la suite de cet événement que le gouvernement de ce pays a entrepris le projet du Grand barrage de la renaissance (GERD) qui sera érigé sur le puissant Nil Bleu.

Présenté comme le projet de développement hydro-électrique le plus grand en Afrique et le premier du genre sur le fleuve en Ethiopie, du moins dans un avenir prévisible, le GERD a un coût estimé à 4,8 milliards de dollars américains et devra générer 6.000 MW.

La dénomination du projet incarne les choix hardis que les dirigeants africains devront opérer sur le double plan économique et politique et avec la participation totale de leurs populations, en vue d'accélérer l'intégration et l'unité du continent.

Indubitablement, le stockage de l'eau représente à côté du développement et de la distribution de l'énergie hydro-électrique un secteur en expansion dans les pays d'Afrique de l'Est.

Cependant, l'Ethiopie a une longueur d'avance après l'achèvement de deux stations hydro-électriques, Gilgel Gibe I (184 MW) et Gilgel Gibe II (240 MW), dans le Sud-ouest du pays, sur le fleuve Omo, tandis le Gibe III devrait entrer en service en septembre 2014 pour ajouter 1.870 MW à la production nationale.

Le Gibe III avait été achevé à au moins 80% à la mi-décembre 2013, selon le ministre chargé de l'Eau, de l'Energie et de l'Irrigation, Alemayehu Tegenu .

En dépit de l'hostilité de certains environnementalistes nationaux et internationaux dénonçant de probables répercussions environnementales et sociales du projet, le gouvernement a maintenu résolument sa position de poursuivre l'aventure.

"Ils ne veulent pas voir une Afrique développée. Ils veulent que nous restions en arrière pour servir de musée à leurs touristes", a déclaré l'ancien Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, face aux critiques du projet en août 2010.

La société nationale d'électricité, qui possède et gère les centrales électriques au nom de l'Etat, envisage de construire deux autres barrages, Gibe IV (1472 MW) et Gibe V (560 MW), dans le cadre du Gilgel Gibe, au moment où les travaux progressent au niveau du barrage de Genale et de la ferme éolienne Adama II, dans la région d'Oromo.

Des travaux sont également en cours pour porter à 70 MW la capacité de la station géo-thermique d'Aluto-Langano dans la Vallée du Rift, à environ 200 km au sud de la capitale, Addis-Abeba.

"Ces projets devront à long terme produire de l'énergie pour la demande nationale à croissance rapide qui se justifie par la construction d’infrastructures et l'expansion de notre base industrielle", a affirmé Alemayehu.

L'énergie produite par l'Ethiopie a un marché sous-régional tout prêt. Le pays exporte maintenant de l'électricité vers Djibouti et le Soudan pendant que des pylones de haut voltage sont en cours d'installation pour approvisionner le Kenya.

La fin des travaux de la ligne de transmission de 400 MW vers le Kenya est prévue d'ici deux ans, mais les résidents de la ville frontalière de Moyale éclairent déjà leurs maisons avec l'électricité en provenance d'Ethiopie.

"Notre politique nationale se focalise sur le développement de sources d'énergie ayant le potentiel de renforcer la coopération et l'intégration régionales", a expliqué le ministre, faisant remarquer que l'ambition de l’Éthiopie est de générer 10.000 MW pour les marchés national et régional à l'horizon 2015.

Le lancement du GERD a cependant montré comment un projet bien intentionné peut quelques fois mener les pays africaines au bord de la friction, à côté du flot de désinformations sur les capitaux des pays riverains du Nil.

A l'instar de ses coureurs de fond, l'Ethiopie a, en l'espace de deux décennies, lancé son économie et rompu avec la léthargie pour entrer dans le groupes des pays en développement à plus rapide croissance, une claire indication que le travail sur la Renaissance africaine ne fait que commencer.
-0- PANA AR/SEG/BSE/AAS/IBA 25dec2013