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L'Ethiopie juge "regrettable" la déclaration des Etats-Unis sur ses affaires intérieures

Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) - L'Ethiopie considère qu'une déclaration du secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken sur les atrocités rapportées et la détérioration générale de la situation dans la région du Tigré était une tentative de se prononcer sur ses affaires internes.

 

L'Agence nationale d'information éthiopienne (ENA) a cité une déclaration du ministère des Afaires étrangères selon laquelle la déclaration des États-Unis faisant spécifiquement référence au redéploiement des forces régionales d'Amhara était "regrettable".

 

M. Blinken, dans une déclaration publiée samedi, a exprimé sa grande préoccupation concernant les atrocités signalées et la détérioration générale de la situation dans la région du Tigré suite aux combats entre le gouvernement et les forces loyales à l'ancien gouvernement régional dirigé par le Front populaire de libération du Tigré (Tigray People's Liberation Front - TPLF). 

 

"Nous condamnons fermement les meurtres, les expulsions et les déplacements forcés, les agressions sexuelles et les autres violations et abus extrêmement graves des droits de l'homme par plusieurs parties que de multiples organisations ont signalés au Tigré", indique la déclaration américaine.

 

M. Blinken a souligné que le retrait immédiat des forces érythréennes et des forces régionales d'Amhara du Tigré est une première étape essentielle.  "Ils devraient être accompagnés de déclarations unilatérales de cessation des hostilités par toutes les parties au conflit et d'un engagement à permettre l'acheminement sans entrave de l'aide à ceux qui se trouvent au Tigré". 

 

Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a indiqué dans sa déclaration que "ces questions relèvent de la seule responsabilité du gouvernement éthiopien, qui, en tant que nation souveraine, est tenu de déployer les structures et les moyens de sécurité nécessaires pour assurer l'État de droit aux quatre coins de ses frontières".

 

Il a ajouté que le gouvernement éthiopien, comme tout gouvernement d'une nation souveraine, a mis en place divers principes dans ses structures fédérales et régionales qui sont uniquement responsables devant le peuple éthiopien.

 

Il a également déclaré que l'objectif et la priorité actuels du gouvernement éthiopien étaient et sont toujours de répondre efficacement à la situation humanitaire dans la région du Tigré.

 

"Ce faisant, il continue à collaborer et à coordonner ses actions avec ses partenaires internationaux afin d'atteindre chaque personne dans le besoin", a-t-il dit.

 

L'Éthiopie a déclaré qu'à ce jour, elle couvre 70% de l'aide par ses propres ressources, tandis que les 30% restants sont partagés entre les partenaires de développement et les ONG. "Jusqu'à présent, les efforts de secours en cours ont atteint plus de trois millions de personnes", a-t-il ajouté.

 

"Avec l'amélioration significative de la situation sécuritaire dans la région, le gouvernement a maintenant permis un accès sans entrave aux acteurs humanitaires. Il a également mis en place un système de dédouanement accéléré pour éliminer les obstacles bureaucratiques à l'obtention des permis nécessaires pour opérer dans la région".

 

Il a déclaré que la communauté internationale doit intensifier les opérations de secours en cours, au lieu de se lamenter continuellement sur la situation humanitaire désastreuse dans la région.

 

L'Ethiopie a déclaré qu'elle a donné un accès sans entrave pour l'acheminement de l'aide humanitaire et une enquête indépendante sur les violations présumées des droits de l'homme et les crimes commis dans la région du Tigré.

 

La déclaration a indiqué que le gouvernement fédéral est mandaté par la Constitution pour assurer la paix et la sécurité contre toute menace à l'ordre constitutionnel du pays.

 

"C'est dans l'esprit de cette responsabilité et pour maintenir une nation unie contre des forces traîtresses et divisées que le gouvernement fédéral a entrepris les opérations de l'Etat de droit dans le Nord du pays".

 

Elle a ajouté que le respect des obligations et responsabilités internationales ne doit être considéré par aucune entité comme une invitation à dicter les affaires intérieures d'une nation souveraine.

 

Le 4 novembre, l'armée éthiopienne a commencé ses opérations au Tigré en réponse à ce que le Premier ministre Abiy Ahmed a décrit comme des attaques contre les forces et les bases fédérales par des forces affiliées au TPLF.

 

M. Abiy a déclaré que les combats étaient terminés, mais le TPLF a déclaré que les combats se poursuivaient.

 

Le défenseur des droits de l'homme, Amnesty International, a déclaré dans un rapport publié, vendredi dernier, que les troupes érythréennes combattant au Tigré ont "systématiquement tué des centaines de civils non armés" dans la ville d'Axum, au Nord, les 28 et 29 novembre 2020, qualifiant ces meurtres de crimes contre l'humanité.

 

Amnesty International a déclaré que les troupes érythréennes "ont ouvert le feu dans les rues, tirant à vue sur tout le monde et ont ensuite mené des raids de maison en maison dans un massacre qui pourrait constituer un crime contre l'humanité".

 

Le ministère éthiopien des Affaires étrangères, dans sa réaction au rapport d'Amnesty International, a déclaré que l'organisme de surveillance des droits de l'homme devrait utiliser les sources appropriées dans son rapport pour découvrir la vérité sur les allégations liées aux incidents dans la ville d'Axum.

 

L'agence de presse éthiopienne a cité le ministère qui a déclaré que le rapport soulevait des questions sérieuses qui devraient être très préoccupantes. Cependant, elle a déclaré que la méthodologie utilisée pour produire le rapport avait ses propres limites car elle dépendait de maigres informations recueillies auprès des réfugiés dans l'Est du Soudan et d'entretiens téléphoniques avec des personnes à Axum.

 

"Par exemple, l'une des sources citées dans le rapport s'avère être non pas un prêtre comme il le prétend, mais une personne trompeuse qui vit à Boston, aux États-Unis".
-0- PANA MA/MTA/IS 01mars2021