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Jeu de cache-cache entre les enfants de rue et les pouvoirs publics au Burundi

Bujumbura, Burundi (PANA) - La première des deux semaines que le gouvernement avait donné aux enfants en situation de rue (ESR) et aux adultes vivant de la mendicité pour se préparer à vider les lieux, « de grè ou de force», a expiré ce dimanche sur un statu quo, a-t-on constaté à Bujumbura, la Capitale économique du Burundi.

 

L’ultimatum s’adresse également aux passants qui ne doivent plus céder aux sollicitations des ces « indésirables », sous peine de sanctions pénales.

 

Au départ, il était question de fêter le 1er juillet dernier, date de l’Indépendance nationale, sans aucun enfant et mendiant visibles dans les rues des grandes villes du pays.

 

On dirait plutôt que la présence d’enfants en situation de rue et de mendiants n’a fait que s’amplifier dans les rues de Bujumbura, se désolent toujours les passants.

 

La dernière étude sur la prise en charge des enfants de la rue a été menée conjointement, en 2010, par le ministère de la Solidarité nationale, des Droits de la Personne Humaine et du Genre et celui de l’Enseignement de base et secondaire, de l’Enseignement des métiers, de la Formation professionnelle et de l’Alphabétisation.

 

L’étude a distingué trois catégories d’enfants de la « rue nourricière », de la « rue de refuge » et ceux de la « rue identitaire ».

 

La première catégorie comprend des enfants de 10 ans, envoyés ou accompagnés par leurs parents ou parentés ou loués par l’entourage. Ils mendient pour les autres et pour eux-mêmes avant de rentrer le soir chez eux pour nourrir la famille.

 

Les enfants de la seconde catégorie sont ceux qui fuient des climats malsains au sein de leurs familles et qui se réfugient dans la rue.

 

La troisième catégorie comprend des enfants qui, au fil du temps, développent l’idée selon laquelle la rue est un endroit idéal pour vivre, pour faire le commerce ambulant, pour voler ou pour vendre les stupéfiants.

 

La même étude a dégagé les principales causes du phénomène des enfants en situation de rue au Burundi.

 

Parmi les causes profondes, l’étude cite les problèmes de population, notamment l’exiguïté des terres face au surpeuplement du pays, un taux d’analphabétisme très élevé (65%) et une absence de politique ferme en matière de planification familiale.

 

D’autres problèmes sont d’ordre économique dans un pays où nombreux sont les citoyens qui peinent à satisfaire les besoins de première nécessité, comme l’alimentation, la santé, la scolarisation, le logement.

 

Des problèmes d’ordre culturel ne sont pas en reste, notamment la perte de certaines valeurs positives de la société burundaise traditionnelle, comme la solidarité à l’égard d’un enfant orphelin.

 

Par ailleurs, le phénomène a été amplifié par l’effritement des valeurs éthiques qui fait que certains parents ont démissionné de leurs devoirs envers les enfants, ceux-ci étant condamnés à se débrouiller seuls.

 

Une autre étude indépendante de l'Observatoire des droits de l'Enfant au Burundi (OIDEB), a trouvé que 48% des enfants en situation de rue sont victimes de l’extrême pauvreté, contre 18% qui ont perdu les parents, 17% qui ont été précarisés par la guerre, 15% ayant été déracinés par les conflits familiaux et 6% qui paient cher l’irresponsabilité des parents.

 

Au mois de mars dernier,  le ministère de la Solidarité nationale, des Affaires sociales, des Droits de la Personne humaine et du Genre a organisé une table pour échanger avec les intervenants et les partenaires au développement du Burundi sur la stratégie nationale de prévention du phénomène et des mendiants adultes ainsi que leur réintégration communautaire.

 

Le constat général a été que ce phénomène constitue une « source importante » de préoccupations individuelle, familiale, communautaire et sociétale.

 

Les effectifs actuels des enfants en situation de rue, dans 9 des 18 provinces du pays où le phénomène préoccupe le plus, s’élève à 7.000 dont 5.000 recensés à Bujumbura. 90% sont des garçons.

 

Par ailleurs, une récente enquête de l'Institut des statistiques et d'études économiques du Burundi (ISTEEBU) montre que presque la moitié de la population burundaise (43,7%) vit en dessous du seuil de la pauvreté.

 

L'analphabétisme et le sous-emploi font partie des facteurs majeurs de cette pauvreté

-0- PANA FB/IS 03juil2022