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Fin d’une semaine politiquement agitée au Burundi

Bujumbura, Burundi (PANA) - Au Burundi, l’actualité politique de la semaine qui tire à sa fin aura été marquée par une session extraordinaire du parlement, sur convocation du chef de l’Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, débouchant sur la destitution du Premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni, et un léger remaniement ministériel, sans explication officielle.

L’opinion retient son souffle face à ce changement brutal impliquant l’un des "hommes forts" du régime burundais et qui s’est muré dans un silence "intriguant", ont relevé les analystes politiques à Bujumbura.

Le chef de l’Etat a communiqué sa décision de démettre le Premier ministre, en milieu de cette semaine, fondant sa démarche sur les pouvoirs constitutionnels qui lui permettent de communiquer avec le Parlement par simple voie de message écrit.

Cette procédure ne donne lieu à « aucun débat » parlementaire, stipule l’article 204 de la Constitution en vigueur dans le pays.

Un nouveau Premier ministre, Gervais Ndirakobuca, a été approuvé, jeudi dernier, par le Parlement. Il était précédemment ministre de l'Intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique.

La désignation du nouveau Premier ministre, tout comme la destitution de son prédécesseur, ont été votées unanimement et par acclamation à l’hémicycle de Kigobe, le siège de l’Assemblée nationale.

Dans les procédures légales en vigueur au Burundi, la Constitution autorise une « motion de défiance ».

Cette motion peut être votée « à une majorité de deux tiers » des membres de l’Assemblée nationale « lorsque le Premier ministre accuse une défaillance manifeste dans la coordination de l’action gouvernementale ».

La chambre basse du Parlement peut encore défier le Premier ministre « lorsqu’il pose des actes contraires à l’intégrité morale ou la probité ou qui, par son comportement, gêne le fonctionnement normal du Parlement ».

Dans tous ces cas de figure, « le Gouvernement présente obligatoirement sa démission ».

Pour le moment, la démission n’a porté que sur 5 des 15 portefeuilles ministériels que comptait le Gouvernement burundais.

Les poids lourds qui ont été remerciés étaient notamment en charge des finances, de l’agriculture et élevage ainsi que de la fonction publique.

Des allégations de tentative de putsch ont précédé les changements au niveau de l’exécutif burundais.

Le président Ndayishimiye s’est toutefois gardé de mettre des noms sur ceux qui convoitent son fauteuil, moins de trois ans après son arrivée au pouvoir par les urnes.

La crise de confiance a encore provoqué un vaste mouvement à la tête des appareils sécuritaires du pays.

L’instabilité politique caractérise le Burundi depuis son accession à l’indépendance, en 1962.

La précédente crise politique grave remontait à l’insurrection populaire, dirigée contre le troisième quinquennat « anticonstitutionnel » de l’ancien président burundais, Pierre Nkurunziza.

-0- PANA FB/JSG 11sept2022