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Des experts de l'ONU recommandent de briser le tabou des menstruations

Genève, Suisse (PANA) - Un groupe de sept experts des droits de l'Homme de l'ONU a appelé, mardi, la communauté internationale à briser le tabou sur la santé menstruelle, qui persiste dans beaucoup de régions du monde et à prendre des mesures concrètes pour faire évoluer les mentalités discriminatoires. 

"Les normes socio-culturelles néfastes persistantes, la stigmatisation, les idées fausses et les tabous concernant les menstruations continuent de conduire à l'exclusion et à la discrimination des femmes et des filles", ont notamment indiqué ces experts dans une déclaration conjointe, en vue de la Journée internationale de la Femme, célébrée le 8 mars.

Ces derniers ont constaté de récentes campagnes menées par des femmes pour poser le problème et attirer l'attention sur la question des menstruations dans les médias, dans la recherche, au niveau des décideurs politiques et dans les discussions culturelles et ont souligné la nécessité de "faire plus d'efforts pour relever les défis auxquels se heurtent les femmes et les jeunes filles".

Les experts ont expliqué que dans certains pays, les femmes et les filles, qui ont leurs règles, sont considérées comme "contaminées et impures", et des restrictions leur sont imposées, telles que l'interdiction de toucher de l'eau ou de cuisiner, d'assister à des cérémonies religieuses et culturelles ou d'entrer dans des sites religieux ou culturels, ou de participer à des activités communautaires.

 Les filles en période de menstruation peuvent même être bannies dans des hangars extérieurs où elles souffrent dans le froid et l'isolement, souvent confrontées au risque de maladies et d'attaques animales.

“Le contrôle patriarcale exercé pour restreindre la mobilité et le comportement des femmes durant leurs menstruations sape leur pouvoir d'action et l'égalité entre les sexes", ont souligné les experts. 

"Combiné à la stigmatisation et à la honte que les femmes et les filles ressentent pendant cette période, c'est vraiment les priver de tout pouvoir", ont-ils affirmé.

Beaucoup d'entre elles sont privées d'intimité pour se laver, ou n'ont pas accès à des toilettes propres et sûres ou même à des installations séparées sur le lieu du travail, ou dans les établissements scolaires ou même dans les institutions publiques. De plus, les produits d'hygiène sanitaires sont souvent inaccessibles ou trop coûteux, en particulier, pour celles qui vivent dans la pauvreté et dans des situations de crise, alors que les politiques étatiques ne prennent pas en compte ce sujet. 

Des femmes vulnérables sont ainsi obligées d'utiliser des protections impropres et improvisées qui peuvent causer des fuites et des infections, mettant ainsi leur santé en grand danger, note le communiqué.  

“La stigmatisation et la honte engendrées par les stéréotypes relatifs à la menstruation ont de graves répercussions sur tous les aspects des droits des femmes et des filles", ont souligné les experts, qui insistent sur le fait que certains professionnels sont enclins à écarter des problèmes sérieux liés aux menstruations, soulignant qu'il a fallu plusieurs années pour diagnostiquer l'endométriose et la dysménorrhée - des troubles gynécologiques douloureux qui peuvent affecter la fertilité.

Du fait de la stigmatisation et de l'absence d'éducation sexuelle, la connaissance du cycle menstruel reste limitée et font naître des sentiments négatifs et ambivalents chez les jeunes filles et un stress psycho-social, ce qui impacte sur leurs capacités à apprendre, selon les experts. 

"La stigmatisation et la honte engendrées par les stéréotypes relatifs à la menstruation ont de graves répercussions sur tous les aspects des droits des femmes et des filles".

En outre, certains pays lient le premier cycle menstruel au fait que la jeune fille est prête pour le mariage, ce qui accroît les risques de grossesse précoce, limite les opportunités des filles en matière d'éducation et de travail.

De surcroît, le manque de prise en compte des besoins de santé des femmes et des filles en matière de menstruation dans les établissements scolaires et sur les lieux de travail "a un impact sur la fréquentation scolaire et professionnelle et donc sur leur progrès économique, compromettant ainsi l'égalité des sexes", ont ajouté les experts.

“Il faut faire beaucoup plus pour répondre aux besoins des femmes et des filles en matière de santé menstruelle et transformer les systèmes, normes et attitudes afin de soutenir le bien-être et la santé menstruelles des femmes et des jeunes filles", ont recommandé les experts, qui estiment "qu'un changement global dans les cultures" est nécessaire pour respecter le cycle menstruel, le reconnaître comme une question de droits humains et "éliminer la discrimination, la honte et la stigmatisation auxquelles on l'associe trop souvent".

-0- PANA MA/NFB/JSG/IBA 06mars2019