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Des centaines de civils auraient été tués au Tigré par des tirs d'artillerie

Genève, Suisse (PANA) - Les rapports faisant état de tirs d'artillerie sur des civils et de massacres de non-combattants dans la région du Tigré, en Ethiopie, doivent faire l'objet d'une enquête et un accès total doit être accordé à des enquêteurs indépendants, a déclaré, mardi, la Haute Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Mme Michelle Bachelet. 

L'appel de Mme Bachelet fait suite à sept semaines de conflit dans le Nord de l'Ethiopie entre les soldats du gouvernement central et les forces du Front populaire de libération du Tigré (FPLT), qui ont déplacé des dizaines de milliers de personnes. 

"Les combats se poursuivraient, en particulier dans certaines régions du Nord, du Centre et du Sud du Tigré", a indiqué Mme Bachelet, soulignant que le manque d'accès humanitaire général et le black-out permanent des communications dans de nombreuses régions avaient continué à susciter des préoccupations concernant les civils.  

"Nous avons reçu des allégations concernant des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme, notamment des tirs d'artillerie sur des zones peuplées, des attaques délibérées contre des civils, des exécutions extrajudiciaires et des pillages généralisés", a dit la Haute Commissaire.  

Bien que le gouvernement éthiopien ait allégué à plusieurs reprises que les forces du TPLF étaient impliquées dans des violations du droit international, "sans accès, il reste difficile de vérifier ces allégations", a-t-elle ajouté. 

Citant de nombreuses atrocités présumées, la responsable des droits de l'homme des Nations unies a souligné le massacre de plusieurs centaines de personnes, principalement des Amharans, dans la ville de Mai Kadra, dans l'Ouest du Tigré, le 9 novembre.   
"J'exhorte les autorités à s'appuyer sur les conclusions préliminaires de la Commission éthiopienne des droits de l'homme sur ce qui s'est passé à Mai Kadra", a-t-elle déclaré, en référence au rapport du panel selon lequel, une milice de jeunes du Tigré était responsable, soutenue par les forces de sécurité locales. 

"Il est essentiel que des enquêtes soient menées sur les allégations de violations des droits de l'homme à la fois contre les Amharans et les Tigréens". 

La Haute Commissaire a également souligné les multiples rapports selon lesquels, la milice Amhara "Fano" aurait commis des violations des droits de l'homme, y compris des meurtres de civils et des pillages, en plus des allégations non vérifiées selon lesquelles, les troupes érythréennes seraient présentes au Tigré et auraient été impliquées dans les hostilités et de graves violations du droit international. 

"Alors que les lignes téléphoniques commencent à être rétablies dans certaines régions, la coupure des communications qui a commencé le 4 novembre et les restrictions d'accès suscitent de vives inquiétudes quant à la situation des droits de l'homme et de l'aide humanitaire, qui est encore plus grave que ce que l'on craignait", a déclaré Mme Bachelet.

"Ces allégations rapportées ne sont probablement que la partie visible de l'iceberg concernant l'étendue et la gravité des violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme commises par toutes les parties au conflit".

Mme Bachelet s'est également fait l'écho de la préoccupation exprimée par le HCR, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, pour la sécurité et le bien-être de quelque 96.000 réfugiés érythréens enregistrés dans quatre camps du Tigré lorsque les combats ont commencé.  

Parallèlement, le HCR a lancé mardi un appel urgent de 156 millions de dollars pour aider 130.000 personnes touchées par la violence en cours au Tigré. 

Depuis que les combats ont éclaté au Tigré, plus de 54.500 réfugiés ont fui la région du Tigré vers le Soudan, a indiqué mardi le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic. 

-0- PANA MA/AR/BAI/JSG 22dec2020