Conflits, inondations et Covid -19 poussent les Soudanais du Sud dans une famine extrême
Juba, Soudan du Sud (PANA) - Poussées par l'insécurité, les effets de la Covid-19, la crise économique actuelle et l'impact des inondations sur les moyens de subsistance, trois agences des Nations unies ont demandé, ce vendredi, un accès humanitaire immédiat dans le comté de Pibor, dans l'Est du Soudan du Sud, où les populations sont confrontées à des niveaux catastrophiques de famine.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et d'autres organisations d'aide humanitaire intensifient leurs interventions pour sauver des vies et éviter un effondrement total des moyens de subsistance dans les zones difficiles à atteindre.
"Nous appelons toutes les parties à mettre fin à la violence et à assurer un accès humanitaire sûr afin d'éviter qu'une situation déjà désastreuse ne se transforme en une véritable catastrophe", a déclaré le Représentant de la FAO au Soudan du Sud, Meshack Malo.
Un nouveau rapport sur la classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC), soutenu par les Nations unies, prévoit que d'avril à juillet 2021, environ 7,24 millions de personnes, soit 60 pour cent de la population du pays, seront confrontées soit à une crise alimentaire officielle, soit à une aggravation de l'insécurité alimentaire aiguë.
"L'année à venir sera extrêmement difficile, mais nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour atteindre plus de personnes pendant des périodes plus longues", a déclaré Makena Walker, directrice-adjointe pays du PAM.
Les chiffres de l'IPC - qui estiment qu'entre octobre et novembre, 6,5 millions de personnes au Soudan du Sud ont été confrontées à une insécurité alimentaire aiguë sévère - font suite à deux rapports indépendants publiés la semaine dernière par l'Unité de soutien mondial de l'IPC, qui indiquaient que des dizaines de milliers de personnes risquent d'être confrontées à des conditions de famine dans le comté de Pibor, dans l'État de Jonglei, où de nombreuses familles connaissent des niveaux élevés de malnutrition aiguë et même la mort.
L'analyse indépendante a également révélé que certaines communautés des comtés d'Akobo, Aweil South, Tonj East, Tonj North et Tonj South, sont confrontées à des conditions catastrophiques.
"Le PAM est extrêmement préoccupé par le nombre croissant de personnes qui souffrent du manque de nourriture et de nutrition, de l'intensification des conflits, des inondations sans précédent et des prix élevés des denrées alimentaires", a déclaré Mme Walker.
Dans le même temps, à Pibor, quelque 1,4 million d'enfants âgés de six mois à cinq ans devraient souffrir de malnutrition aiguë en 2021, selon le rapport du CIP.
Cela inclut 313.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère et plus d'un million de malnutrition modérée à aiguë.
"Ces enfants ont besoin d'un traitement urgent pour éviter qu'ils ne meurent", a déclaré le représentant de l'UNICEF au Soudan du Sud, Mohamed Ayoya.
"Les données ne nous laissent aucun doute sur le sentiment d'urgence pour nous tous - gouvernement, communauté des donateurs et acteurs humanitaires - de nous donner la main et de veiller à ce que tous ces enfants reçoivent le traitement dont ils ont besoin", a-t-il ajouté.
En outre, 483.000 femmes enceintes ou allaitantes souffrent de malnutrition aiguë et ont besoin d'un traitement.
Cette année, l'UNICEF a traité 170.000 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère, avec un taux de guérison de 94 pc, et va encore intensifier ses interventions en soutenant les centres de traitement thérapeutique et de stabilisation dans les comtés les plus touchés afin de protéger et de sauver la vie des enfants.
"Dans le même temps, nous devons investir davantage dans des actions visant à empêcher que les enfants ne souffrent de malnutrition en premier lieu", a souligné le responsable des Nations unies.
Au cours des deux derniers mois, le PAM a fourni une aide alimentaire à près de 80.000 personnes à Pibor et a commencé à accroître son aide dans les zones d'insécurité alimentaire critique de cette ville et dans d'autres zones à risque.
La FAO a donné la priorité aux communautés agricoles et agro-pastorales pour les aider à augmenter leur production et à préserver leurs moyens de subsistance.
Cette année, elle a notamment aidé plus de 100.000 familles d'agriculteurs à cultiver leur propre nourriture à partir de semences, et a vacciné et traité plus de cinq millions d'animaux, ce qui a profité à 164.000 ménages.
-0- PANA AR/MTA/JSG 18déc2020