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Antonio Guterres prêt à institutionnaliser la coopération entre l'ONU et l'UA dans le dossier de la Libye

Tripoli, Libye (PANA) - Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a affirmé, samedi, avoir transmis plus d'une fois aux États membres du Conseil de sécurité, sa disponibilité pour aider à trouver le meilleur moyen d'institutionnaliser la coopération entre l'Union africaine (UA) et l'Organisation des Nations unies (ONU) sur la Libye.

"Il y a des choses que nous pouvons faire maintenant", a-t-il ajouté lors d'une réunion organisée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en marge du 33ème sommet de l'UA sur le thème "comment enrayer la spirale de la violence en Libye et renforcer la stabilité au Sahel".

"Nous sommes disposés à recevoir dans nos locaux à Tripoli une représentation de l'Union africaine et à associer des représentants de l'UA à tous les groupes de travail pour le dialogue intra-libyen, y compris ceux décrits par la conférence de Berlin", a ajouté M. Guterres.

 "Je veux que l'ONU soutienne tous les efforts significatifs et travaille main dans la main avec nos partenaires, en particulier l'Union africaine", a ajouté le secrétaire général de l'ONU, soulignant "connaître et partager la profonde frustration de l'Union africaine face à la situation en Libye depuis 2011. La proposition faite par cet organe au Conseil de sécurité des Nations unies a conduit à une discussion non concluante à laquelle le secrétariat n'a pas été invité à participer".

On rappelle que l'UA a proposé la nomination d'un émissaire conjoint avec l'ONU mais a été rejetée par les Etats-unis et la France.

M. Guterres a souligné être encouragé par les travaux du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye, que le Président Sassou Nguesso a convoqué à Brazzaville la semaine dernière, ajoutant appuyer pleinement l’initiative de l’Union africaine en vue d’une future réunion de réconciliation libyenne en Afrique.

Il a plaidé pour que l'Organisation des Nations unies et l'Union africaine, ainsi que d'autres acteurs et organisations régionaux clés, continuent de travailler en étroite collaboration pour soutenir le peuple libyen et le Sahel alors qu'il assure son avenir économique, sécuritaire et politique.

Evoquant la situation en Libye, M. Guterres a affirmé que depuis avril dernier, la lutte pour la capitale libyenne a tué et blessé des milliers de personnes, dont des centaines de civils, ajoutant que "le droit international humanitaire et le droit international des droits humains ont été maintes et maintes fois bafoués de part et d’autre". 

"Plus de 170.000 personnes ont dû quitter leurs domiciles", a-t-il déploré, signalant que "migrants et réfugiés, dont certains sont piégés à proximité des combats dans des centres de détention ont également été atteints et continuent de souffrir dans des conditions terribles".

Pour le patron de l'ONU, cette escalade a permis aux groupes terroristes de gagner en présence et en influence dans la région, ajoutant qu'elle "a favorisé l’arrivée d'armes et de combattants étrangers, la traite des êtres humains et d'autres activités criminelles".

"Tout cela a exacerbé les tensions et les conflits locaux existants, érodant le tissu social, submergeant les mécanismes de résolution des conflits et mettant à rude épreuve des structures de gouvernance déjà fragiles dans les pays du Sahel", a-t-il avoué.

Brossant un tableau de la situation sécuritaire et humanitaire à travers le Sahel, M. Guterres a indiqué qu'"elle se détériore constamment, est de plus en plus interconnectée avec le lac Tchad et menace de se propager aux côtes du golfe de Guinée. Les attaques armées contre les forces de sécurité et les civils ne connaissent pas de frontières et sont à chaque fois plus sophistiquées".

Il a déploré "le nombre d’agents de sécurité et de civils tués cette année au Burkina Faso, au Mali et au Niger (...), un triste record".

"Les civils ayant besoin d'aide humanitaire ou touchés par la violence ont également augmenté de façon alarmante – en 2019, le nombre de déplacés internes au Burkina Faso a été multiplié par 10 !", ajoutant que "rien que dans le centre du Sahel, plus de trois millions de personnes ont besoin d'une assistance immédiate. L’aggravation de la violence a aussi privé plus de 400.000 enfants d’éducation, emportant également leur espoir d’une vie meilleure".

Pour lui, "la confiance des populations locales dans leurs forces de sécurité, leurs gouvernements et la Communauté internationale, y compris les Nations unies, s'est érodée", concluant qu'"il est évident que le dispositif dont nous disposons sur place, avec ses différentes composantes, est insuffisant pour vaincre le terrorisme, qui au contraire gagne du terrain et devient une menace régionale, continentale et globale".

Comme solution, le secrétaire général de l'ONU propose "une mobilisation courageuse et concertée pour mettre fin aux crises en Libye et au Sahel est non seulement nécessaire mais urgente. Nous devons répondre aux appels. Nous devons entendre l’appel des gouvernements pour un soutien accru de la Communauté internationale à leur sécurité et en faveur de l’aide au développement".

Il s'est réjoui  de la décision de la CEDEAO de renforcer les mandats de lutte contre le terrorisme dans la région, saluant les importantes ressources promises jusqu'à présent. 

Il a rappelé le "récent engagement collectif des chefs d'État des pays du G5-Sahel et de la France réunis à Pau à redoubler d'efforts dans quatre domaines critiques de la lutte contre le terrorisme ; le renforcement des capacités des forces régionales ; le retour de l'autorité de l'État ; ainsi que l'aide au développement".

Le secrétaire général de l'ONU a plaidé pour que la Force conjointe G5-Sahel soit au centre de ces efforts, signalant que la MINUSMA continuera de la soutenir, dans les limites de son mandat et de ses capacités. 

Mais, il a souligné que "les forces africaines doivent disposer d’un mandat clair du Conseil de sécurité, au titre du Chapitre VII de la Charte, et de financements stables et prévisibles, basés sur des contributions obligatoires".
 -0-PANA BY/BEH 09fév2020