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"Veiller à ce que les veuves ne soient ni laissées pour compte", selon António Guterres

New York, Etats-unis (PANA) – Lors de la Journée internationale des veuves, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a exhorté tout le monde à réfléchir sur les ''difficultés économiques et la vulnérabilité accrues’’ de ces femmes en veuvage et de veiller à ce qu'elles ne soient pas laissées pour compte''.

''Sans protection sociale et juridique", a-t-il déclaré dans son message, "les revenus et les économies des femmes veuves sont souvent insuffisants pour leur éviter la pauvreté".

Même dans les pays où la pension de retraites est acceptable, "les femmes risquent beaucoup plus de souffrir de la pauvreté que les hommes", a-t-il poursuivi, soulignant que: "les services sociaux sont particulièrement importants pour les veuves âgées qui peuvent vivre seules ou avoir davantage besoin de services de soins", indique un communiqué de l'ONU.

Dans de nombreux pays, les veuves n'ont pas les mêmes droits en matière d'héritage que leurs homologues masculins, ce qui signifie qu'elles peuvent être privées de terres, de biens et même de droits et d’accès à leurs propres enfants'', a déclaré le patron de l'ONU. ''Même lorsque les lois ne sont pas discriminatoires, ces droits doivent être appliqués et exercés de manière égale dans la pratique''.

En outre, dans certaines sociétés, les veuves souffrent de marginalisation, de mauvais traitements et de violences, notamment d'abus sexuels, de harcèlement et de remariage forcé.

Selon le communiqué, M. Guterres a également mis en lumière les vulnérabilités des veuves lors des conflits et des catastrophes naturelles, aggravées par les pertes et les déplacements, ainsi que l'affaiblissement des protections sociales et juridiques, soulignant que: "les normes utilisées pour justifier" ces pratiques discriminatoires doivent être revues.

''Réaffirmons, en cette Journée internationale, notre engagement à soutenir toutes les veuves, quels que soient leur âge, leur lieu de résidence ou leur système juridique'' et veillons à ce qu'elles ''ne soient pas laissées pour compte'', a conclu le Secrétaire général.

Pour sa part, la directrice exécutive d'ONU-Femmes a souligné que bien que les familles soutiennent les cultures et les économies et offrent amour, soutien et nourriture, elles peuvent ''trop souvent'' également être ''des lieux de violence et de discrimination pour les femmes et les filles, les veuves parmi les plus touchés, avec peu d’assistance''.

"Lorsque la valeur d'une femme est subordonnée au mariage, le veuvage peut forcer les femmes à quitter complètement les structures familiales, les laissant particulièrement vulnérables à la pauvreté multidimensionnelle, à la solitude et à l'isolement", précise le message de Phumzile Mlambo-Ngcuka.

Soulignant que les femmes les plus pauvres risquent davantage de devenir veuves, en raison des grands écarts d'âge entre les conjoints dans les ménages les plus pauvres - souvent entretenus par des pratiques néfastes comme le mariage précoce - et d'une espérance de vie inférieure des hommes pauvres, elle a observé que: ''de nombreuses veuves ont également du mal à maintenir leur sécurité économique face à des lois discriminatoires, en matière d’héritage''.

''Même dans les endroits où la législation protège les femmes de ces situations, les veuves sont souvent expulsées et privées de biens'', a affirmé Mme Mlambo-Ngcuka. ''Bien qu'elles soient présentes dans chaque société en nombre significatif, les veuves restent largement ignorées, avec un soutien insuffisant pour les problèmes qu'elles rencontrent''.

Bien que les chiffres de 2010 montrent que 14,6% des femmes âgées de 55 à 59 ans dans le monde étaient veuves, cela ne traduit pas la réalité complète. Les veuves peuvent également être des enfants mariées dont les maris sont décédés, ne leur laissant que peu ou pas de possibilités en matière d'héritage, de propriété ou de moyens de subsistance.

''La lutte pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants dans ces conditions prépare les femmes à une vie désavantagée et alimente des cycles de pauvreté à travers les générations'', a déploré le patron d'ONU-Femmes, soulignant qu'une action urgente était nécessaire, ''pour mieux protéger et soutenir les veuves''.

Elle a souligné les mesures que les gouvernements pourraient prendre, notamment les efforts politiques visant à renforcer la sécurité des revenus et la participation économique des plus vulnérables, tels que les veuves.

''En cette Journée internationale des veuves, nous reconnaissons les veuves dans toute leur diversité et reconnaissons la nécessité de les intégrer pleinement et de manière visible dans nos travaux sur l'égalité des sexes, afin de mettre fin aux cycles de pauvreté et de désavantage et de permettre à toutes les veuves de jouir pleinement de leurs droits, des droits de l’Homme'', a déclaré Mlambo-Ngcuka.

-0- PANA MA/ASA/BEH/IBA 23juin2019