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Guerre en Libye ; Ahmedou ould Abdallah prévient contre les risques de marginalisation du Sahel

 

Nouakchott, Mauritanie (PANA) - Ahmedou Ould Abdallah, haut fonctionnaire à la retraite de l’Organisation des Nations Unies (ONU), plusieurs fois  représentant du Secrétaire général dans différentes région (Somalie, Grands Lacs, Afrique de l’Ouest et Sahel), a averti contre « les risques de marginalisation et d’oubli » de la grave crise sécuritaire qui prévaut au Sahel depuis 2012 à cause de l’aggravation de la guerre en Libye enregistrée au cours des dernières semaines, suite à l’engagement de plus en plus net de certaines grandes puissances, qui s’ajoute à la présence des acteurs régionaux, dans une déclaration faite à la PANA samedi.

 

La sortie de l’ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU intervient 48 heures avant le sommet de Pau (Sud de la France) devant réunir le Président Emmanuel Macron et les chefs d’Etat du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).

 

Cette rencontre vise à clarifier la position des leaders africains face à la présence militaire de la France à travers l’opération « Barkhane » après la mort de 13 soldats au Nord Mali fin novembre? et des manifestations récurrentes exigeant le retrait des forces étrangères de ce pays et de tout le Sahel.

 

Ahmed Ould Abdallah note « qu’entre la Libye et le Sahel, depuis le régime de Kadhafi, c’est la loi des vases communicants qui régit les rapports en permanence.

 

On feint de l’ignorer et même d’occulter cette réalité malsaine. A présent, avec l’entrée de la Turquie en Libye, qui y rejoint trois autres pays du Moyen Orient, l’internationalisation de la guerre tourne à un affrontement de « tous contre tous » alors que le sommet Russie/Afrique, organisé il y a quelques semaines, confirme de nouveaux relents de guerre froide ».

 

Des pays comme l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte soutiennent le Maréchal Khalifa Haftar qui tente de conquérir Tripoli aux mains du gouvernement d’Union nationale, reconnu par la communauté internationale et appuyé par le Qatar et la Turquie.  

 

Ould Abdallah a attiré l’attention sur «les  nouveaux enjeux libyens qui sont hautement plus stratégiques que ceux du Sahel-parce que méditerranéens, moyen orientaux, pétroliers, gaziers et Est/Ouest.

 

Le Sahel risque de ne plus être que l’annexe d’un ordre du jour international bien chargé ».

 

Dans le même temps, les Groupes terroristes armés (GTA) continuent à gagner du terrain vers le Sud, les pays du Golfe de Guinée et donc l’Atlantique.

 

Alors « il faut aller au-delà de la complainte et trouver une réponse », a ajouté le fonctionnaire de l’ONU à la retraite.

 

Il préconise la poursuite de la réponse militaire avec les alliés, mais aussi une ouverture interne des pouvoirs en place vers l’opposition et la société civile « car, pour faire efficacement la guerre, il faut consolider le front intérieur et avoir des armées proches et bénéficiant de l’appui des communautés locales».

 

Ahmed Ould Abdallah a apprécié positivement les concertations régulières entre le nouveau président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, aux commandes depuis le 01 août 2019, et son opposition.

 

Un bon exemple donné par celui qui assurera la présidence en exercice du G5 Sahel à partir du mois de février.

 -0- PANA SAS/IS/SOC 11janv2020