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Incertitudes au moment où les dirigeants de la CEDEAO se réunissent à nouveau sur la crise au Niger

Abuja, Nigeria (PANA) - Des incertitudes planent alors que les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) vont se réunir dans la capitale nigériane, Abuja, jeudi, sur la crise au Niger.

La junte militaire a non seulement ignoré l'ordre des dirigeants de la CEDEAO de rétablir dans ses fonctions le président déchu, Mohamed Bazoum avant 23h00 GMT dimanche, mais elle a également refusé de recevoir une délégation tripartite de la CEDEAO, de l'Union africaine (UA) et de l'Organisation des Nations Unies (ONU) pour trouver une solution pacifique à la crise provoquée par le coup d'État du 26 juillet.

La junte militaire a déclaré qu'elle ne pouvait pas recevoir la délégation diplomatique en raison d'un risque pour la sécurité des visiteurs suite aux sanctions imposées par la CEDEAO après leur réunion du 30 juillet.

La junte a également déclaré que la menace d'une action militaire de la CEDEAO avait "suscité la colère du public, de sorte que la délégation n'a pas pu être accueillie dans le calme et la sécurité".

La CEDEAO, dans sa version des faits, a déclaré dans un communiqué daté du 8 août que la mission "a été annulée à la suite d'une communication nocturne des autorités militaires indiquant leur indisponibilité à recevoir la délégation tripartite".

La CEDEAO a déclaré que la mission prévue s'inscrivait dans le cadre des efforts continus visant à trouver une solution pacifique à la crise actuelle au Niger.

Elle a souligné : "Conformément à la décision du sommet extraordinaire de la CEDEAO tenu le 30 juillet 2023, la communauté continuera à déployer toutes les mesures en vue de rétablir l'ordre constitutionnel au Niger."

Une délégation envoyée par la CEDEAO au Niger le week-end dernier n'a pas rencontré le chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le général Abdourahmane Tchiani, qui a envoyé une équipe pour rencontrer l'équipe de la CEDEAO à l'aéroport.

De même, une diplomate américaine de haut rang, la vice-secrétaire d'État par intérim Victoria Nuland, qui s'est rendue à Niamey lundi dernier, n'a rencontré ni le général Tchiani ni le président déchu Bazoum.

Mme Nuland a déclaré avoir eu une réunion de deux heures "extrêmement franche et parfois très difficile" avec une délégation de la junte.

Tout cela se passe alors que la junte renforce son emprise sur le pouvoir en procédant à d'importantes nominations pour diriger le pays.

Elle a nommé Ali Mahaman Lamine Zeine, ancien ministre des finances, au poste de premier ministre, tandis que le lieutenant-colonel Habibou Assoumane est le nouveau commandant de la garde présidentielle en remplacement du général Tchiani.

Le représentant spécial des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão, a indiqué que 4,3 millions de personnes au Niger ont besoin d'une aide humanitaire.

Il a également prévenu que la crise en cours pourrait aggraver l'insécurité dans l'ensemble de la région de l'Afrique de l'Ouest. 

Entre-temps, des rapports indiquent que le président déchu Bazoum et sa famille manquent de nourriture et vivent dans des conditions difficiles.

Dimanche dernier, des milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées à Niamey en signe de soutien aux militaires qui ont annoncé la fermeture de l'espace aérien du pays en raison de "la menace d'une intervention".

"Face à la menace d'intervention qui se précise à travers la préparation des pays voisins, l'espace aérien du Niger est fermé à compter de ce jour dimanche ... pour tous les aéronefs jusqu'à nouvel ordre", a déclaré le CNSP dans un communiqué.

Il a averti que toute tentative de "violation" de l'espace aérien du pays donnerait lieu à une "réponse énergique et immédiate".

Les manifestants ont demandé l'expulsion des troupes françaises du Niger.

Le Niger est un allié occidental clé dans la lutte contre les militants islamistes en Afrique de l'Ouest. La France, ancienne puissance coloniale, et les États-Unis ont tous deux des bases militaires dans ce pays riche en uranium.

La France a déplacé certains de ses soldats au Niger lorsque le Mali les a expulsés l'année dernière.  

Les Etats-Unis ont deux bases militaires au Niger avec environ 1 100 soldats, tandis que la France a environ 1 500 soldats dans le pays, selon les rapports. 

-0- PANA MA/RA/BAI/JSG/SOC 10août2023