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Une rencontre organisée par la MANUL plaide pour l'inclusion des femmes libyennes dans la prise de décision

Tripoli, Libye (PANA) - Une table-ronde organisée par la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), a conclu qu’il fallait faire davantage pour impliquer les femmes dans le processus de prise de décision économique en Libye pour accélérer le progrès économique et leur autonomisation.

Vingt femmes du secteur de la société civile ont participé à un webinaire par vidéoconférence, à l’occasion de la Journée internationale de la femme cette année, qui comprenait des discours de l’économiste libyenne, Hala Bugaighis de la Fondation "Jusoor", et des représentants de la Fondation Jusoor de la Mission d'appui des Nations unies en Libye et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), a indiqué un communiqué publié dimanche par la MANUL.

Au cours de la table-ronde, Sonja Sigmond, spécialiste des Affaires politiques à la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), a souligné, cité par la même source, que la discrimination systématique à l’égard des femmes et l’inégalité des chances, outre l’accès limité aux ressources des individus, non seulement entravent la réalisation de leur potentiel, mais aussi "entravent la prospérité globale de la société libyenne et sa capacité à la résilience".

Alors que les statistiques de la Banque mondiale classent la Libye parmi les pays à revenu intermédiaire et supérieur, des années de conflit, d’instabilité politique et de pandémie de COVID-19, les catastrophes naturelles ont fait chuter le PIB du pays de 54% entre 2010 et 2024, a rappelé le communiqué.

"Malheureusement, l’inégalité d’accès aux richesses de la Libye, le manque de transparence et de responsabilité dans sa gestion, et les perspectives socio-économiques limitées, en particulier pour les femmes et les jeunes Libyens, continuent d’être de puissants moteurs de l’instabilité politique et de l’insécurité en Libye", selon la responsable onusienne.

Mme Bugaighis a souligné, de son côté qu'"il n’y a pas de femmes aux échelons supérieurs de la prise de décision au sein du ministère de l’Economie", assurant que "le ministre n’a qu’une seule conseillère. Il en va de même pour le ministère des Finances, la Banque centrale et la Commission nationale de lutte contre la corruption".

"Le processus de prise de décision émerge d’un point de vue patriarcal, de sorte que la moitié de la population, c’est-à-dire les femmes, est confrontée à des décisions qu’elles n’ont pas prises ou auxquelles elles n’ont pas participé", a déclaré Bugaighis. Elle a insisté sur la nécessité de "prendre en compte le point de vue des femmes".

L’une des conséquences de cette situation est l’adoption de politiques inappropriées pour relever les défis auxquels sont confrontées les femmes libyennes sur le terrain, a déclaré Mme Bugaighis.

"Le cadre juridique libyen, du moins en théorie, donne aux femmes le droit à l’égalité et à la non-discrimination", a signalé Mme Bugaighis, ajoutant que, cependant, "il n’existe pas de mécanisme clair d’avancement professionnel et d’accès à la justice, en particulier dans les cas de discrimination et d’inégalité".

La loi libyenne, par exemple, stipule que les hommes et les femmes doivent être payés de la même manière pour le même travail. Elle garantit également aux femmes le droit de posséder des biens, leur permet d’ouvrir des comptes bancaires et les protège contre la perte de leur droit à l’héritage, selon le document.

Dans la pratique, cependant, les femmes libyennes gagnent près de trois fois moins que leurs homologues masculins et ne représentent que 12% des propriétaires terriens. Alors que le chômage reste élevé dans tous les groupes démographiques en Libye, les femmes sont presque deux fois plus susceptibles d’être au chômage, malgré le fait que le pourcentage de femmes à la recherche d’un emploi est plus élevé que celui des hommes.
La conseillère pour l’égalité des sexes pour le PNUD en Libye, Khadija Al-Buaichi, a déclaré qu’il était essentiel d’augmenter la proportion de femmes aux postes de décision pour relever ces défis.

"Nous savons tous que la présence des femmes à ces niveaux est très importante, car elle permet de s’assurer que les perspectives, les priorités et les défis des femmes sont intégrés dans une vision intégré", a-t-elle ajouté.

Elle a indiqué, par ailleurs,  que l’Organisation des Nations unies, pour sa part, aligne son travail en Libye sur la stratégie visant à assurer l’égalité entre les hommes et les femmes, notant que 15% des dépenses de l’Union européenne et le Programme des Nations unies pour le développement, est axé sur la promotion et le soutien des femmes.

Le PNUD a l’intention d’accroître la participation des femmes dans le secteur de la technologie par le biais de l’apprentissage des compétences en programmation informatique et du financement des petites entreprises dirigées par des femmes. entre autres, a révélé la fonctionnaire onusienne.

"Quel que soit l’objet du projet, qu’il s’agisse d’un projet de développement, d’un projet énergétique ou d’un projet de renforcement des capacités des institutions de l’État de droit, nous devons déterminer ce qu’il faut faire, sont les défis auxquels sont confrontées les femmes", a indiqué la conseillère.

Cela va dans le sens de l’appel lancé par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Abdoulaye Bathily, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, en faveur "de donner aux femmes les moyens de jouer leur rôle inhérent de moteur du changement de la situation en Libye", a signalé le communiqué.

Dans la même déclaration, le Représentant spécial, a souligné que les femmes libyennes jouaient "un rôle crucial dans l’élaboration et le développement du paysage politique et économique en Libye, ainsi que dans leur participation au processus de réconciliation politique, économique et nationale significatif profite à l’ensemble de la société".
-0- PANA BY/IS/SOC 14avr2024