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Une mission du FMI met en garde le Tchad contre les risques probables à venir

N'Djamena, Tchad (PANA) - Les perspectives économiques du Tchad pour 2023 sont favorables, mais soumises à des risques importants, selon la dernière évaluation d'une mission du Fonds monétaire international (FMI) qui prévoit que la croissance du pays atteindra 4% en 2023, tandis que l'inflation restera élevée.

Les autorités tchadiennes et les services du FMI ont entamé des discussions sur la troisième revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC) et sur les consultations de 2023 au titre de l'article IV. Ces discussions se poursuivront au cours des prochaines semaines.

La croissance a été plus élevée que prévu en 2022, principalement en raison de la hausse de la production pétrolière. La croissance du secteur non pétrolier a été affectée par les inondations, qui ont eu des effets négatifs sur la production agricole. Les inondations ont également exacerbé la pression sur les prix des denrées alimentaires.

Le FMI indique que les risques pour le Tchad comprennent le conflit en cours au Soudan voisin, les risques climatiques et la volatilité des prix du pétrole.

Il suggère qu'il sera essentiel d'épargner une partie des recettes pétrolières exceptionnelles tout en donnant la priorité aux dépenses sociales et de développement, ainsi que de mettre en œuvre des réformes structurelles visant à renforcer la gestion des finances publiques et des entreprises publiques, à améliorer la gouvernance dans le secteur de l'énergie et à améliorer l'environnement des affaires.

Une mission du FMI dirigée par Édouard Martin s'est rendue à N'Djamena du 27 avril au 10 mai pour mener des discussions sur la troisième revue de l'accord FEC approuvé par le Conseil d'administration du FMI le 10 décembre 2021 et pour les consultations de 2023 au titre de l'article IV.

Cet accord FEC d'une durée de 36 mois et d'un montant de 570,75 millions de dollars contribue à répondre aux besoins importants du Tchad en matière de finances publiques et de balance des paiements, notamment en catalysant l'appui financier des bailleurs de fonds officiels. Les première et deuxième revues de l'accord ont été conclues par le Conseil d'administration du FMI le 22 décembre 2022, permettant le décaissement de 149,3 millions de dollars.

A la fin de la mission, M. Martin a remarqué que la croissance du Tchad était plus élevée que prévu en 2022, principalement en raison de l'augmentation de la production de pétrole. Cette augmentation reflète : une reprise de la production des puits anciennement détenus par ESSO après les perturbations de 2021 ; le redémarrage de la production des champs anciennement détenus par Glencore après leur acquisition par Perenco ; et une production plus élevée que prévu de la part de China National Petroleum Corporation.

La croissance non pétrolière a été affectée par les inondations, qui ont eu des effets négatifs sur la production agricole. Les inondations ont également exacerbé la pression sur les prix des denrées alimentaires, qui ont augmenté de 16% en glissement annuel, poussant l'inflation globale à 8,3% en glissement annuel en décembre 2022. La balance des comptes courants s'est améliorée plus que prévu, essentiellement en raison de l'augmentation des exportations de pétrole.

"Malgré des recettes supérieures aux prévisions, le déficit budgétaire non pétrolier et les critères de performance du financement intérieur net n'ont pas été respectés en raison de dépassements importants des dépenses civiles et militaires, reflétant en partie les tensions sécuritaires et les inondations", a souligné M. Martin.

Il a indiqué que les discussions de politique économique se sont concentrées sur les mesures visant à renforcer les finances publiques. Les services de la Commission ont noté les progrès accomplis dans la mobilisation des recettes intérieures, qui devront se poursuivre. Ils ont également appelé à un meilleur contrôle et à une efficacité accrue des dépenses budgétaires, en particulier de la masse salariale, et à une priorisation des dépenses sociales.

Les services du FMI ont également discuté avec les autorités tchadiennes de réformes structurelles supplémentaires à mettre en œuvre en 2023-24. Ces réformes devraient notamment viser à renforcer la gestion des finances publiques et des entreprises publiques, à mobiliser les recettes intérieures, à améliorer la gouvernance et la transparence dans le secteur de l'énergie, et à améliorer l'environnement des affaires.

Dans le cadre des consultations au titre de l'article IV, M. Martin a expliqué que les services du FMI ont discuté avec les autorités des politiques et des réformes visant à assurer la viabilité de la croissance à moyen et à long terme, y compris les moyens de renforcer la résilience au changement climatique et de réduire les disparités entre les hommes et les femmes.

-0- PANA AR/MA/BAI/IS/SOC 11mai2023