Agence Panafricaine d'information

Un collectif burkinabè dénonce des cas d'exactions commises par l'armée faisant plus de 40 morts

Ouagadougou, Burkina Faso (PANA) - Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a annoncé, samedi dans un communiqué, avoir recensé plus de 40 civils tués dans des "exactions" commises par l'armée burkinabè dans le Centre-Nord du Burkina Faso.

 

L'ONG dit avoir été saisie depuis le lundi 08 aout 2022 par plusieurs témoins et parents de victimes de la commune de Tougri plus précisément dans le village de Taffogo dans la région du Centre-Nord, "de plusieurs cas d'enlèvements suivis d’exécutions sommaires et extrajudiciaires".

 

"Au total, plus de 40 corps ont été retrouvés plus tard le long de la route Taffogo - Bouroum entassés par lots de 10 ou de 05", lit-on dans le communiqué du CISC.

 

La même source précise que ces témoignages concordants décrivent les présumés auteurs de ces enlèvements suivis d’exécutions systématiques comme étant des éléments des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) habillés en tenues noires et encagoulés.

 

"Les personnes tuées avaient toutes les mains ligotées et les yeux bandés", et les auteurs de ces crimes étaient accompagnés de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) des localités.

 

Par ailleurs, selon le CISC, "cette tuerie n’est pas isolée" et au cours de ces derniers jours d’autres "crimes" ont été perpétrés contre les populations civiles victimes de ciblage. Le Collectif a souligné que le 02 août à 15h 06min, des militaires de l’armée burkinabè qui ont quitté Gorom pour Oursi ont exécuté 8 civils et plusieurs blessés dont un enfant de 13 ans.

 

Le 4 août, a-t-il ajouté, dans le village de guelyendé, commune de Tibga, région de l’Est, 14 personnes ont été tuées par des hommes en treillis militaires burkinabé.

 

Par ailleurs, le CISC dit avoir été saisi de l’arrestation d’une femme déplacée interne et qui est décédée dans des conditions non élucidées à la police judiciaire de Kaya (Centre-Nord) tandis que le 11 août à Kongoussi et alentours, plusieurs populations civiles ont été tuées encore par des éléments de l’armée.

 

"Il faut que ces crimes contre l’humanité cessent", a écrit l'ONG, précisant que les organisations de défense des droits humains continuent à collecter les informations afin de pouvoir traduire tous les responsables et leurs commanditaires devant la justice nationale et internationale.

 

Le gouvernement burkinabè n'a pas encore réagi à cette sortie du CISC. Tout en encourageant les forces républicaines dans la lutte contre le terrorisme, le secrétaire général du CISC Dr Daouda Diallo, par ailleurs Lauréat du Prix Martin Ennals (Nobel droits humains) a interpellé certains éléments des forces de défense et de sécurité à arrêter la "pratique d'enlèvements de civils à mains nues suivis d’exécutions sommaires et extrajudiciaires sous le prétexte fallacieux de lutte contre le terrorisme". Début août l'armée burkinabè a reconnu avoir tué par erreur, des civils dans la région de l'Est du pays, lors d'une opération antiterroriste.

-0-  PANA NTDD/IS 14août2022