Agence Panafricaine d'information

Risque de transférer le conflit politique en confrontations dans la rue en Libye et les résultats de la réunion ministérielle à New York à la Une des journaux

Tripoli, Libye (PANA) - La motion de censure contre le gouvernement adoptée par le Parlement, a entraîné un conflit politique ouvert entre ces deux pouvoirs législatif et exécutif, selon les journaux parus, cette semaine, soulignant que cela risque d'être transporté dans le rue à travers les manifestations de rejet qui ont accueilli cette mesure à un moment où la date des élections générales du 24 décembre s'approche à grands pas.

 

La Conférence ministérielle sur la Libye tenue en marge de la 76ème Assemblée générale de l'ONU à New York et coprésidée par les ministres des Affaires d'Allemagne, d'Italie et de France ont également été couverts par la presse libyenne qui s'est fait, par ailleurs, l'écho des craintes des Nations unies de voir se répéter le scénario Afghan aux frontièrex Sud de la Libye.


Sous le titre : "La lutte des piliers du pouvoir menace de transporter la confrontation à la rue", le journal Al-Wassat a écrit que la décision soudaine de la Chambre des représentants (Parlement) d'adopter une motion de censure contre le gouvernement d'Abdelhamid Al-Dbaiba, a ajouté davantage de doutes sur la possibilité de tenir, à la date fixée, les élections présidentielle et législatives en Libye, qui est le 24 décembre 2021, en raison des répercussions que cela pourrait engendrer en perturbant le travail de ce gouvernement chargé de préparer ce scrutin.

 

Mais la décision de retirer la confiance n'a pas empêché, selon le journal, de voir des indices du début de la course à la présidence de la Libye, dont le dernier en date est l'abandon par le maréchal Khalifa Haftar de ses fonctions militaires au profit de son chef d'état-major, Abderrazek Al-Nadhouri, pour une durée de 3 mois, c'est-à-dire jusqu'à la date prévue de l'agenda électoral, dans ce qui apparaissait comme un respect anticipé de la loi électorale émise unilatéralement par la Chambre des représentants, et remise à la Haute Commission électorale, obligeant le candidat d'être sans fonction officielle ou gouvernementale durant les 3 mois, précédents le scrutin "et s'il n'est pas élu, il retourne à son travail précédent et reçoit ses émoluments".

Ces indices indiquent clairement le signal à la décision de Haftar de se présenter à l'élection présidentielle, en plus de ses apparitions répétées en tenue civile, participant ces derniers temps à des activités sportives et populaires, a affirmé le journal.


Lors d'une cérémonie devant la 166e brigade d'infanterie du commandement général, Haftar a appelé le personnel de l'armée à participer aux élections, a rappelé le journal Al-Wassat.

 

Le journal a signalé aussi que sur les traces du "maréchal", des informations ont circulé sur l'intention du président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh, de prendre congé jusqu'à la date prévue pour les élections, ce qui s'entend comme une suspension temporaire de l'exercice de ses fonctions pour une période de 3 mois à l'instar du maréchal Haftar, assurant que si les informations sont exactes, cela démontre qu'on a tourné le dos aux critiques internes adressées à la loi électorale, notamment celles émises par le Haut Conseil d'État, qui y a répondu par une loi parallèle, et son appel à reporter la course à la présidentielle et à se contenter du scrutin des législatives.

 

En attendant, il ne semble pas que Dbaiba donne des signes de sa reddition facile face au coup dur de la décision de retirer la confiance au gouvernement, a indiqué le journal, d'autant qu'il a insisté pour mener à bien la tâche qui lui a été confiée de préparer les conditions de la tenue des élections et de l'unification des institutions de l'État politiquement et militairement, ce qui préfigure le transfert de l'affrontement entre les deux parties dans la rue.

 

Cela qui pourrait s'illustrer vu les manifestations à Tripoli, Zaouia et Misrata, rejetant la décision du Parlement, et en faveur de Dbaiba et ce que l'on pourra voir (vendredi) à partir de manifestations qui peuvent s'élargir, alors que des appels ont été lancés à Tripoli et à Misrata, a indiqué le journal, ajoutant que le plus effrayant et le plus complexe est le retour des discussions sur la division des institutions de l'État entre l'Est et l'Ouest du pays, ce qui pourrait conduire à l'émergence d'un gouvernement parallèle à l'Est, qu'Aguila Saleh avait précédemment laissé entendre dans des déclarations antérieures, a rapporté le journal.

 

Des manifestations monstre avec la participation massive des Libyens ont été organisées, vendredi soir à la place des Martyrs à Tripoli, pour dénoncer la motion de censure contre le gouvernement d'unité nationale.

 

Présent lors du rassemblement, le Premier ministre Abdelhamid Al-Dbaiba a souligné qu'il s'agit d'un message que la Libye est une et indivisible, assurant qu'il n'accepteront plus d'être dirigés que par des élus par le peuple.

 

Au vu de tout ce qui précède, la situation reste brumeuse et confuse en Libye qui n'est qu'à 90 jours de la date de la grande échéance électorale, a conclu le journal, ajoutant qu'au cours de cette période un nouveau Parlement sera élu, et un président sera également élu par le peuple, pour la première fois dans l'histoire du pays.

 

S'intéressant à la Conférence ministérielle sur la Libye, le journal Afrigatenews a indiqué que les participants à la réunion ministérielle tenue à New York, co-présidée par le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, accompagné de ses homologues allemands, Heiko Maas, et français, Jean-Yves Le Drian, en présence de la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Rosemary DiCarlo, les ministres des Affaires étrangères et les représentants des États membres et des organisations régionales, participants au processus de Berlin, ainsi que les pays voisins libyens, ont souligné "la nécessité pour la communauté internationale de continuer à soutenir le processus politique, notamment en encourageant la préparation et la mise en œuvre, conformément à la feuille de route convenue par le Forum de dialogue politique libyen, d'élections parlementaires et présidentielle libres, équitables et inclusives".

 

Dans ce contexte, il apparaît, d'après le journal, nécessaire que tous les acteurs concernés, tant nationaux qu'internationaux, coopèrent afin de trouver des solutions politiques et institutionnelles communes et durables, notamment en surmontant les doutes qui subsistent quant au cadre juridique pour la tenue de ces élections.

 

Le journal électronique a précisé que la réunion sur la Libye, a souligné la nécessité de mettre en œuvre tous les termes de l'accord de cessez-le-feu conclu le 23 octobre, y compris le départ sans délai de toutes les forces de combat et mercenaires étrangers du pays, afin de parvenir à des conditions de sécurité unifiées dans le pays.

 

Le communiqué des ministères des Affaires étrangères a conclu en disant : "Au cours de la réunion, un espoir commun a émergé pour l'adoption rapide d'une résolution du Conseil de sécurité prorogeant le mandat de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), pour lui permettre d'opérer pleinement dans un contexte crucial de la période de transition".

 

Le journal Al-Wassat a répercuté les inquiétudes majeures qui hantent les Nations unies à l'égard de la tourmente politique dans les pays du Sahel bordant le sud de la Libye avec l'essor de l'activité des organisations terroristes dans la région, coïncidant avec le déclin de l'hégémonie française traditionnelle et l'entrée de Paris en conflit avec ses partenaires au Tchad et au Mali, sur fond d'exacerbation de l'influence russe dans la région, alors que l'on craint que les souffrances afghanes se matérialisent dans la région.

 

Avant le début des réunions de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York qui se poursuivront jusqu'à la semaine prochaine, le Secrétaire général de l'Organisation, Antonio Guterres, a dressé un sombre tableau de la situation dans la région du Sahel, qui touche la frontière avec le sud de la Libye, lorsqu'il a fait part de son inquiétude face au déclin de la présence française et de l'intention du Tchad de transférer ses forces "de la région la plus dangereuse".

 

M. Guterres a, selon le journal, mis en garde contre le "clonage" d'extrémistes dans le cas du Sahel africain, sur le modèle afghan, "où des groupes terroristes pourraient être encouragés par la situation en Afghanistan et la victoire des talibans".
-0- PANA BY/IS 26sept2021