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Nouvelle réunion des dirigeants de la CEDEAO sur le Niger jeudi ptochain

Abuja, Nigeria (PANA) - Les dirigeants de l'Afrique de l'Ouest se réuniront jeudi dans la capitale nigériane, Abuja, après que la junte militaire nigérienne a ignoré leur ordre de rétablir le Président Mohamed Bazoum avant 23h00 GMT dimanche.

Un communiqué publié lundi sur le site Internet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) indique que le président du Nigéria et par ailleurs président en exercice du bloc sous-régional, Bola Ahmed Tinubu, a convoqué un autre sommet extraordinaire le 10 août sur la situation politique au Niger.

"Les dirigeants de la CEDEAO examineront et discuteront de la situation politique et des récents développements au Niger au cours du sommet", indique le communiqué.

Le délai accordé au Niger pour rétablir le président Bazom, que la junte a chassé du pouvoir le 26 juillet, est passé sans que l'on ait une idée claire de la prochaine ligne d'action.

Les dirigeants de la CEDEAO, lors de leur sommet à Abuja, au Nigeria, le 30 juillet, ont fermement condamné la tentative de renversement de l'ordre constitutionnel au Niger et ont formulé une série d'exigences à l'égard de la junte qui s'est emparée du pouvoir le 26 juillet.

Dans un communiqué, les chefs d'État ont lancé un avertissement : "Au cas où les exigences de l'Autorité ne seraient pas satisfaites dans un délai d'une semaine, (la CEDEAO) prendra toutes les mesures nécessaires pour rétablir l'ordre constitutionnel dans la République du Niger. Ces mesures peuvent inclure l'usage de la force".

Ils ont également annoncé une série de sanctions politiques et financières sévères à appliquer avec effet immédiat.

Cependant, la junte a ignoré cette demande et s'est retranchée dans ses positions.

Certains pays et organisations ont mis en garde contre une action militaire au Niger qui pourrait avoir de graves conséquences politiques, sociales et économiques pour la sous-région. L'Allemagne et l'Italie ont appelé à une solution diplomatique.

Le Comité des chefs d'état-major de la CEDEAO a clôturé sa réunion de trois jours à Abuja vendredi en adoptant une résolution selon laquelle il convient d'adopter "une approche globale englobant les dimensions politiques, sécuritaires et diplomatiques" pour faire face aux conséquences du coup d'État au Niger.

Le chef d'état-major de la défense du Nigeria et président du comité, le général Christopher Musa, a déclaré que le comité avait collectivement reconnu la gravité de la situation au Niger et le besoin urgent d'une réponse bien coordonnée.

Ils ont également examiné les implications immédiates du coup d'État et ses répercussions potentielles dans l'ensemble de la région de la CEDEAO.

"Nous avons également délibéré sur les implications plus larges pour la démocratie, la paix et la stabilité en Afrique de l'Ouest et nous sommes heureux de constater que nos discussions ont permis d'obtenir des informations précieuses et des recommandations exploitables.

Dimanche, des milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées à Niamey en signe de soutien aux militaires qui ont annoncé la fermeture de l'espace aérien du pays en raison de la menace d'une intervention.

"Face à la menace d'intervention qui se précise à travers la préparation des pays voisins, l'espace aérien nigérien est fermé à compter de ce jour dimanche ... pour tous les aéronefs jusqu'à nouvel ordre", a déclaré le Conseil national de la sauvegarde de la patrie (CNSP) dans un communiqué.

Il a averti que toute tentative de "violation" de l'espace aérien du pays recevrait une "réponse énergique et immédiate".

La junte a affirmé dans un autre communiqué qu'un pays non nommé se préparait à attaquer le Niger.

"Tout État impliqué sera considéré comme co-belligérant", a-t-elle averti.

Les manifestants demandent l'expulsion des troupes françaises au Niger.

Le Niger est un allié occidental clé dans la lutte contre les militants islamistes en Afrique de l'Ouest. La France, ancienne puissance coloniale, et les États-Unis ont tous deux des bases militaires dans ce pays riche en uranium.

La France a déplacé certains de ses soldats au Niger lorsque le Mali les a expulsés l'année dernière. 

Les États-Unis disposent de deux bases militaires au Niger, avec quelque 1 100 soldats, tandis que la France compte environ 1 500 soldats dans le pays, selon les rapports.

Par ailleurs, la France a annoncé dimanche la suspension de toute aide au développement et de tout soutien budgétaire au Burkina Faso jusqu'à nouvel ordre.

Les juntes malienne et burkinabé ont critiqué les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour les sanctions financières et politiques sévères et les menaces d'action militaire à l'encontre du Niger afin de forcer la réintégration du président évincé et ont averti que "toute intervention militaire contre le Niger équivaudrait à une déclaration de guerre" contre eux.

Ils ont déclaré qu'ils se retireraient de la CEDEAO en cas d'intervention militaire et qu'ils adopteraient "des mesures d'autodéfense pour soutenir les forces armées et le peuple nigériens".

La France a déclaré samedi qu'elle soutenait "fermement et résolument" les efforts de la CEDEAO visant à rétablir le président Bazoum dans ses fonctions.

Par ailleurs, le Mali et le Burkina Faso envoient une délégation officielle conjointe au Niger en signe de solidarité avec son voisin, alors que la date limite de dimanche soir fixée par la CEDEAO pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions, sous peine de devoir prendre toutes les "mesures" nécessaires, y compris le recours à la force, pour rétablir l'ordre constitutionnel, a été dépassée.

Les Forces armées maliennes ont déclaré dans un communiqué : "Le Burkina Faso et le Mali envoient une délégation à Niamey conduite par le ministre d'État malien à l'Administration territoriale, dans le but de manifester la solidarité des deux pays au peuple frère du Niger.

L'Union européenne et la France ont interrompu leur soutien financier au Niger et les États-Unis ont déclaré vendredi dernier, qu'ils suspendaient également certains programmes d'aide à la suite du coup d'État.

Cette mesure provisoire n'a pas d'incidence sur tous les programmes américains d'aide au Niger, a déclaré le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, dans un communiqué.

Il a ajouté que la fourniture d'une aide humanitaire et alimentaire vitale se poursuivra.

Les projets français d'aide au développement au Burkina Faso sont estimés à 482 millions d'euros, tandis que l'aide budgétaire programmée en 2022 est de 13 millions d'euros.

Les données de la Banque mondiale indiquent que le Niger est l'un des pays les plus pauvres du monde, recevant près de 2 milliards de dollars par an d'aide publique au développement.

-0- PANA MA/BAI/JSG/SOC 08août2023