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Les arrestations arbitraires massives visent les Tigréens, selon le bureau des droits de l'ONU

Addis Abeba, Ethiopie (PANA) - Au cours de la semaine dernière, les arrestations massives de personnes qui seraient d'origine tigréenne se sont poursuivies dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, et ailleurs, a déclaré le Bureau des droits de l'homme de l'ONU mardi. 

L'alerte du Haut-commissariat aux droits de l'homme (HCDH) intervient alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) a décrit la situation de l'aide aux personnes vulnérables du Tigré comme étant "au jour le jour". 

Citant des rapports, le HCDH a déclaré qu'au moins 1000 personnes auraient été détenues par des policiers au cours des sept derniers jours, soupçonnées d'être liées au Front populaire de libération du Tigré (FPLT). 

"Beaucoup de ces personnes détenues n'ont pas été informées des raisons de leur détention, n'ont pas été traduites devant un tribunal ou une autre instance pour examiner les raisons de leur détention, et n'ont pas été formellement inculpées", a indiqué Liz Throssell, porte-parole du HCDH.   

"Nous sommes également préoccupés par certaines informations faisant état de mauvais traitements en détention", a-t-elle noté, ajoutant que le nombre réel de détenus pourrait être beaucoup plus élevé.  

Grâce aux "dispositions excessivement larges de l'état d'urgence déclaré le 2 novembre pour arrêter, fouiller et détenir des personnes", le HCDH a indiqué qu'en plus de la capitale, des arrestations ont été signalées à Gondar, Bahir Dar et dans d'autres endroits.  

Mme Throssell a déclaré que 10 employés locaux à Addidas Ababa étaient toujours détenus, ainsi que 34 chauffeurs sous contrat. 

Elle a expliqué que les pouvoirs étendus de l'état d'urgence actuel, qui a été déclenché par les combats qui ont commencé il y a un an dans la région du Tigré, dans le Nord du pays, risquaient d'aggraver la "situation humanitaire et des droits de l'homme déjà très grave".  

Le porte-parole du Bureau des droits de l'homme des Nations unies a expliqué que les dispositions de cette loi sont extrêmement larges, avec des interdictions vagues allant jusqu'à englober le soutien "moral indirect" à ce que le gouvernement a qualifié de "groupes terroristes". 

Dans une mise à jour de la situation de l'aide humanitaire dans le Nord touché par le conflit, le PAM a déclaré que, bien que ces dernières semaines aient vu quelques améliorations dans l'acheminement des cargaisons humanitaires vers le Tigré, cela n'était "toujours pas suffisant" pour répondre aux besoins de 5,2 millions de personnes dans la région.  

Seuls 1114 camions de fournitures sont entrés dans le Tigré depuis la mi-juillet, a indiqué le PAM, ajoutant qu'il y a actuellement plus de 14.000 tonnes de nourriture à Mekelle, capitale de la région du Tigré, ce qui est suffisant pour nourrir environ 825.000 personnes pendant 45 jours. 

À ce jour, l'agence des Nations unies a finalisé sa deuxième série de distributions alimentaires dans le Tigré, touchant près de 2,6 millions de personnes.  

Les stocks de carburant sont épuisés pour toutes les opérations humanitaires à l'intérieur du Tigré; il ne reste que 22 000 litres de carburant à Mekelle, dont 10 000 sont réservés à la relocalisation d'urgence du personnel et des biens.  

Le PAM a déclaré qu'il continuait à négocier avec les autorités fédérales pour que 16 camions-citernes de carburant détenus à Semera, dans l'Est de l'Afar, soient autorisés à entrer dans le Tigré. 

"Toutes les parties ont un rôle à jouer pour assurer la libre circulation de l'aide dans le Nord de l'Éthiopie, ce qui permettra de réduire et d'empêcher toute nouvelle famine grave ou perte de vies humaines", a déclaré l'agence alimentaire des Nations unies. 

-0- PANA MA/BAI/JSG/SOC 17nov2021