Le nombre de victimes des mines terrestres atteint son plus haut niveau depuis quatre ans alors que les revers du traité s'aggravent
Genève, Suisse (PANA) - Le nombre de civils tués et blessés par des mines terrestres et des restes explosifs de guerre a atteint son plus haut niveau depuis quatre ans, selon le rapport Landmine Monitor 2025 publié lundi à Genève.
Il fait état de 6 279 victimes en 2024. Les enfants restent particulièrement vulnérables, notamment dans les pays touchés par des conflits où les familles déplacées retournent dans des zones fortement contaminées.
«Les civils représentaient 90% des victimes en 2024 », a déclaré Loren Persi, responsable de l'équipe Impact pour le rapport. « Et les enfants continuaient de représenter une part importante de l'ensemble des victimes, près de la moitié...".
En Afghanistan, 77%, soit plus des trois quarts de l'ensemble des victimes, étaient des enfants, ce qui est horrible».
Le lancement a été organisé par la Campagne internationale pour l'interdiction des mines terrestres (ICBL) et accueilli par l'Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR).
Des Etats se retirent du traité
Le rapport avertit que le Traité d'interdiction des mines de 1997 est confronté à son plus grand défi depuis des décennies, plusieurs Etats parties prenant des mesures qui « menacent concrètement la pérennité de la convention », a déclaré Yeshua Moser-Puangsuwan, rédacteur en chef de Ban Policy.
Cinq Etats parties européens – l'Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne – s'apprêtent à se retirer légalement, invoquant un changement radical des conditions de sécurité après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en 2022.
En ce qui concerne l'Ukraine elle-même, M. Moser-Puangsuwan a noté que le gouvernement affirme pouvoir « suspendre » certaines obligations du traité pendant qu'il mène un conflit armé international – une position que le Monitor conteste sur la base du cadre juridique du traité.
Le rapport cite également des indications selon lesquelles l'Ukraine aurait utilisé de nouvelles mines en 2024-2025, notamment des dispositifs apparemment déployés par des drones, bien que l'ampleur de cette utilisation reste incertaine.
Le Moniteur confirme l'utilisation intensive de mines par le Myanmar et la Fédération de Russie, et fait état d'allégations d'utilisation par les forces cambodgiennes le long de la frontière thaïlandaise. La Thaïlande a présenté des preuves de mines nouvellement posées qui ont blessé ses soldats.
Contamination croissante
La contamination par les mines antipersonnel touche au moins 57 Etats et autres zones, dont 32 Etats parties. Sept d'entre eux restent «massivement» contaminés : l'Afghanistan, la Bosnie-Herzégovine, le Cambodge, l'Ethiopie, l'Irak, la Turquie et l'Ukraine.
Des progrès ont été réalisés. Oman a achevé le déminage en 2025, devenant ainsi le premier État partie à le faire depuis 2020, et plus de la moitié des Etats parties touchés ont réduit la contamination grâce à des efforts de détection et de déminage l'année dernière.
Mais la situation générale reste préoccupante
« Malgré des progrès globalement positifs, l'objectif ambitieux d'achever le déminage d'ici 2025 est loin d'être atteint », a déclaré Katrin Atkins, chercheuse senior.
« La vision d'un monde sans mines n'a pas été accompagnée de ressources et d'efforts suffisants sur le terrain. 2030 semble être le nouveau 2025».
Crise de financement
Le déficit de financement croissant compromet déjà les programmes de lutte antimines.
Ruth Bottomley, responsable de la recherche sur le financement de la lutte antimines au Monitor, a déclaré que la forte dépendance à l'égard de quelques grands donateurs, en particulier les Etats-Unis, rendait le secteur vulnérable.
«En 2025, les Etats-Unis ont imposé un gel des financements à l'ensemble du secteur », a-t-elle déclaré. « Cela a bloqué certains programmes de lutte antimines et en a mis fin à d'autres... soulignant la vulnérabilité du financement de la lutte antimines, qui dépend de quelques grands donateurs».
Les programmes en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Colombie, au Tadjikistan et au Zimbabwe ont déjà été interrompus. L'aide aux victimes a été particulièrement touchée, le soutien international ayant chuté de 23%. Les systèmes de santé affaiblis par les conflits dans des pays comme l'Ukraine et la Palestine sont en difficulté face à la forte augmentation des amputations.
Appel à un engagement renouvelé
Les intervenants ont averti que sans un financement plus important, une volonté politique plus forte et un meilleur respect des engagements, la contamination par les mines augmentera plus rapidement que les organisations humanitaires ne pourront y répondre, exposant des millions de personnes à des risques pendant des décennies.
-0- PANA RA/BAI/IS 01dec2025




