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La décision de l'Ethiopie d'expulser le personnel de l'ONU pourrait mettre en danger les opérations d'aide humanitaire

Genève, Suisse (PANA) - La décision d'expulser le personnel des Nations unies d'Éthiopie pourrait affecter la distribution de l'aide dans le Nord du pays déchiré par la guerre, où les besoins et les déplacements augmentent, ont déclaré les humanitaires de l'ONU vendredi.

Le dialogue entre l'ONU et le gouvernement se poursuit après que les autorités éthiopiennes ont déclaré jeudi sept membres du personnel de l'organisation personae non grata et leur ont ordonné de quitter le pays dans 72 heures.

Les personnes concernées étaient cinq membres du Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), un représentant du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), et un chef d'équipe du Bureau des droits de l'homme des Nations unies (OHCHR).

Dans une déclaration faite le jour même, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit choqué par cette annonce, affirmant que "toutes les opérations humanitaires de l'ONU sont guidées par les principes fondamentaux d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance."

Jens Laerke, porte-parole de l'OCHA, à Genève, a déclaré que l'agence était également choquée et s'attend à ce que la décision soit "changée, ou revue, ou modifiée d'une manière ou d'une autre."

L'OCHA supervise l'opération d'aide d'urgence dans le Nord de l'Éthiopie où le conflit dans la région du Tigré fait rage depuis près d'un an.

"Il est d'une importance capitale que l'opération humanitaire se poursuive - et c'est le cas", a déclaré M. Laerke, s'adressant aux journalistes vendredi.

Quelque 5,2 millions de personnes dans le Tigré ont un besoin urgent d'assistance, et le conflit s'est étendu à deux régions voisines, a-t-il dit, "ce qui signifie rapidement que les besoins humanitaires augmentent, ainsi que le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays."

Les humanitaires sont également extrêmement préoccupés par l'insécurité alimentaire au Tigré.  M. Laerke a indiqué que le nombre de personnes n'ayant pas accès à une quantité suffisante de nourriture est passé de 5 % à 21 % entre juin et septembre.

En outre, les dépistages ont révélé des niveaux sans précédent de malnutrition modérée chez les femmes enceintes et allaitantes, tandis que la malnutrition aiguë modérée chez les enfants de moins de cinq ans avoisine les 18 %, dépassant le seuil d'urgence mondial de 15 %.

Il a ajouté que l'accès et la réponse n'étaient "pas du tout" au niveau où ils devraient être.  Seuls 11 % des camions nécessaires pour acheminer l'aide humanitaire sont arrivés au Tigré depuis la mi-juillet.

Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a déploré cette décision, a indiqué vendredi son bureau, tout en rejetant les accusations d'"ingérence".

"Nous n'avons eu aucune indication de la part du gouvernement quant aux fondements d'une telle décision à l'égard de notre collègue, et nous insistons pour avoir des éclaircissements sur les raisons qui les ont poussés à prendre cette mesure", a déclaré aux journalistes le porte-parole, Rupert Colville.

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a qualifié la décision de l'Éthiopie de "regrettable et alarmante".

L'agence est présente dans le pays depuis plus de six décennies, travaillant à faire progresser et à protéger les droits des enfants les plus vulnérables.

"Alors que la situation humanitaire dans le pays se détériore - et que les enfants en sont les plus touchés - notre travail est plus urgent que jamais", a déclaré l'UNICEF dans un communiqué vendredi, exprimant sa pleine confiance dans ses équipes sur le terrain.

"Nos programmes vont se poursuivre; notre seule et unique priorité est de soutenir les enfants qui ont urgemment besoin de notre aide, où qu'ils soient."

-0- PANA AR/BAI/JSG/SOC 02oct2021