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La CEDEAO lève certaines sanctions à l'encontre de 4 pays sous régime militaire

Abuja, Nigéria (PANA) - Samedi, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a décidé de lever certaines sanctions économiques et de voyage imposées au Niger, au Mali et à la Guinée en guise de réponse punitive au changement anticonstitutionnel de gouvernement dans ces pays, a rapporté un journal nigérian.

Le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Touray, a annoncé les résolutions de samedi dans un communiqué à l'issue d'un Sommet extraordinaire à Abuja.

M. Touray a déclaré que la décision était basée sur des considérations humanitaires concernant le carême et le mois de ramadan qui approche.

Il a toutefois précisé que le bloc régional maintiendrait le statu quo en ce qui concerne les sanctions politiques et ciblées.

Les gouvernements civils du Burkina Faso, du Mali et du Niger sont passés sous contrôle militaire en mai 2021, septembre 2022 et juillet 2023, respectivement.

En conséquence, la CEDEAO a annoncé des sanctions économiques qui ont isolé les trois États, ainsi que la Guinée, où les militaires ont pris le pouvoir en septembre 2021.

Le bloc a suspendu toutes les transactions commerciales et financières entre ses membres actuels et les États dirigés par une junte, gelant tous leurs avoirs à la BCEAO.

Le Niger est la dernière cible des mesures punitives lorsque des membres de la Garde présidentielle ont renversé le dirigeant du pays, Mohammed Bazoum, en juin 2023.

Ainsi, en juillet 2023, la CEDEAO a imposé une longue liste de sanctions à la junte militaire dirigée par le général Abdourahamane Tchiani.

Le 28 janvier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, affirmant que ses "sanctions illégales" nuisaient aux populations.

Ils ont également affirmé que la CEDEAO était tombée sous l'influence de gouvernements étrangers dont les intérêts, selon eux, étaient loin de ceux des peuples.

Dans le communiqué, les dirigeants de la CEDEAO ont exigé la libération de l'ancien président Mohammad Bazoum, insistant sur le fait que l'autorité de transition nigérienne fournisse un calendrier acceptable pour rétablir l'ordre constitutionnel.

En ce qui concerne les sanctions, M. Touray a déclaré : "La Conférence a décidé de lever avec effet immédiat les mesures suivantes imposées à la République du Niger : Levée de la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger, levée de la zone d'exclusion aérienne de tous les vols commerciaux à destination et en provenance du Niger et levée de la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les Etats membres de la CEDEAO et le Niger".

L'Autorité a également décidé de lever le gel de toutes les transactions de services, y compris les services publics. Le gel des avoirs de la République du Niger dans les banques centrales de la CEDEAO doit être levé.

Le gel des avoirs du Niger et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales doit être levé.

"La suspension du Niger de toute assistance financière et de toute transaction avec toutes les institutions financières, en particulier la Banque d'investissement et de développement de la CEDEAO et la BIRD, doit être levée. L'interdiction de voyager imposée aux représentants du gouvernement et aux membres de leur famille doit également être levée".

 

Touray a ajouté : "La Conférence a également décidé de lever les sanctions concernant le recrutement de citoyens maliens à des postes statutaires et professionnels au sein de la CEDEAO. La Conférence a également décidé de lever les sanctions financières et économiques à l'encontre de la République de Guinée.

 

Il a indiqué que le Sommet a instruit le président de la Commission d'inviter le Burkina Faso, le Niger, le Mali et la Guinée à participer aux réunions techniques et consultatives de la CEDEAO, ainsi qu'à toutes les réunions liées à la sécurité.

Interrogé sur les insinuations selon lesquelles la levée des sanctions donne à la CEDEAO l'image d'une organisation faible et encourage les putschistes, M. Touray a précisé : "Permettez-moi d'être très clair : la liste que j'ai dressée n'est pas exhaustive. Les sanctions politiques n'ont pas été levées. Les fermetures de frontières ont été levées, de même que les sanctions commerciales. Mais il existe des sanctions ciblées, ainsi que des sanctions politiques; elles restent en vigueur.

M. Tourey a ajouté : "La liste que j'ai donnée concerne principalement le Niger, car tous les autres pays font toujours l'objet de sanctions politiques. Ainsi, les fermetures de frontières, les sanctions commerciales et tout le reste concernent le Niger, et c'est ce que les dirigeants ont décidé de lever. Mais les sanctions individuelles et politiques restent en vigueur au Niger. Pour les autres pays, les sanctions politiques demeurent.

En ce qui concerne la décision du Niger, du Mali et du Burkina Faso de se retirer de la CEDEAO, il a déclaré que le Sommet les a exhortés à reconsidérer leur décision compte tenu des avantages dont bénéficient les États membres de la CEDEAO et leurs citoyens au sein de la communauté.

"La Conférence exprime sa préoccupation quant à l'impact socio-économique, politique, sécuritaire et humanitaire de cette décision, en particulier sur les citoyens des trois pays et sur le processus d'intégration régionale.

Elle a exhorté les trois États membres à recourir au dialogue, aux négociations et à la médiation pour répondre à leurs préoccupations.

Le Sommet a également demandé à la Commission de développer une stratégie de communication efficace pour impliquer les Etats membres et les citoyens de la communauté, compte tenu de la désinformation qui donne une mauvaise image de la CEDEAO.

-0- PANA MA/MTA/IS/SOC 25févr2024