La CEDEAO déclare l'état d'urgence dans la région
Abuja, Nigeria (PANA) - La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a déclaré mardi l'état d'urgence dans toute la région.
C'est ce qu'a annoncé le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Touray, à Abuja lors de la 55e session du Conseil de médiation et de sécurité au niveau ministériel, a rapporté le média nigérian Punch.
La publication cite M. Touray qui a déclaré que les récents développements soulignent « la nécessité impérative d'une introspection sérieuse sur l'avenir de notre démocratie et l'urgence d'investir dans la sécurité de notre communauté ». Les détails de l'état d'urgence ne sont pas clairs.
S'adressant aux ministres, diplomates et hauts fonctionnaires, M. Touray a dressé un bilan du climat politique en Afrique de l'Ouest, citant de multiples incidents comme preuves d'une détérioration rapide de la sécurité.
Il a noté que les Etats membres de la CEDEAO sont actuellement classés en moyenne comme présentant un « risque élevé », sur la base des analyses pays par pays contenues dans les documents soumis aux ministres.
« Les événements de ces dernières semaines ont montré qu'il était impératif de mener une sérieuse introspection sur l'avenir de notre démocratie et qu'il était urgent d'investir dans la sécurité de notre communauté.
« Les facteurs de risque (Bissau et la République du Bénin il y a quelques jours à peine) ; le non-respect des normes de transition en Guinée, où nous sommes confrontés à un chef militaire qui se transforme en civil ; l'érosion croissante de l'inclusivité électorale dans plusieurs Etats ; l'influence croissante des terroristes, des groupes armés et des réseaux criminels ; et les pressions géopolitiques croissantes qui affectent la diplomatie et la cohésion des Etats membres », a-t-il expliqué.
Parmi les tendances les plus préoccupantes, M. Touray a souligné que « les élections sont devenues un facteur majeur d'instabilité dans notre communauté ».
Il a également cité les récentes tentatives de coup d'État et les discussions en cours avec l'Alliance des Etats du Sahel, soulignant la nécessité urgente d'une réponse régionale coordonnée au terrorisme et à la criminalité transfrontalière.
Qualifiant la situation d'inédite, il a lancé cette mise en garde : « Face à cette situation, Excellences, on peut affirmer sans risque que notre communauté est en état d'urgence».
M. Touray a appelé à des réunions plus fréquentes du Conseil de médiation et de sécurité au cours de l'année à venir, insistant sur le fait que la CEDEAO doit « mettre en commun nos ressources pour faire face aux menaces du terrorisme et du banditisme, qui opèrent sans respecter les frontières territoriales ».
Il a souligné les domaines prioritaires nécessitant une surveillance ministérielle continue, notamment la crise en Guinée-Bissau, la gestion des transitions politiques, la lutte contre l'exclusion politique croissante et la préservation de l'unité régionale face aux pressions extérieures.
Le président de la Commission de la CEDEAO a également attiré l'attention sur la détérioration des conditions humanitaires en Afrique de l'Ouest, en se référant aux données récentes du HCR. Il a déclaré qu'« en octobre 2025, environ 7,6 millions de personnes étaient déplacées de force dans toute la région », dont plus de 6,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.
Selon ces données, les populations déplacées les plus importantes se trouvent au Nigeria, au Burkina Faso, au Niger et au Mali, tandis que le Niger, le Mali, le Nigeria, la Côte d'Ivoire et le Togo accueillent le plus grand nombre de demandeurs d'asile.
M. Touray a souligné : « Nous devons donc prendre des décisions et des mesures qui permettront d'inverser cette tendance».
Malgré les défis à relever, il a réaffirmé l'engagement de la CEDEAO envers ses citoyens.
-0- PANA MA/MTA/IS 09dec2025




