Agence Panafricaine d'information

Human Rights Watch déplore certaines propositions du plan de l'ONU et de l'UA pour le Darfour

New York, Etats-Unis (PANA) - La proposition des Nations unies (ONU) et de l'Union africaine (UA) de limiter le rôle protecteur de l'ONU au Soudan menace la sécurité des civils au Darfour, a déclaré Human Rights Watch lundi. 

Dans un nouveau rapport qui doit faire l'objet de discussions au Conseil de sécurité ce mardi, le Secrétaire général de l'ONU et le président de la Commission de l'UA proposent d'exclure la "protection physique" des civils du mandat d'une nouvelle mission politique et de consolidation de la paix au Soudan.

Human Rights Watch déclare dans un communiqué que s'il décide d'autoriser le déploiement d'une nouvelle mission de l'ONU pour la totalité du Soudan, le Conseil de sécurité devrait y inclure des unités de police armées qui auraient la capacité de protéger les civils, des soldats de maintien de la paix capables de réagir rapidement à des menaces lorsqu'elles se présenteraient, ainsi que des équipes mobiles de surveillance des droits humains basées au Darfour, a affirmé Human Rights watch.

"Le Darfour n'est pas comme les autres régions du Soudan", a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. "Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait reconnaître que le Darfour nécessite un retrait beaucoup plus graduel et maintenir une présence sécuritaire sur le terrain afin de protéger les civils de manière active. Les violences passées dans cette région, et celles qui s'y produisent encore, font que les civils ne peuvent faire confiance aux seules forces de sécurité soudanaises et ont encore besoin de soldats de maintien de la paix pour leur protection".

L'actuelle Mission conjointe de maintien de la paix de l'ONU et de l'UA au Darfour, la MINUAD, doit se retirer du Soudan d'ici à octobre 2020, au bout de plusieurs années de diminution de ses effectifs sous la pression du précédent gouvernement soudanais et des gouvernements occidentaux désireux de réduire leurs coûts.

D'ici au 31 octobre, la Mission fermera ses 14 dernières bases et retirera la totalité de ses 4 040 personnels militaires et 2 500 policiers restants.

Pour Human Rights Watch, la proposition avancée dans le rapport du Secrétaire général ne prévoit aucun personnel en uniforme pour protéger les civils au Darfour, où les risques de violence demeurent élevés.

Le rapport n'envisage que quelques conseillers de police pour former et appuyer individuellement les autorités soudanaises, déclarant que "la protection des civils relève de la responsabilité des Soudanais, mais un mécanisme post-MINUAD peut apporter un appui en matière de conseil et de renforcement des capacités aux autorités qui seraient chargées d'assurer cette protection.

Le rapport suggère que ces conseillers devraient coopérer avec "les forces de police soudanaises, les volontaires de la police de proximité, les réseaux de protection des femmes, ainsi que d'autres partenaires".

Human Rights Watch souligne qu'à travers le Darfour, où des attaques de grande envergure ont débuté à l'instigation du gouvernement en 2003, les menaces contre les civils persistent.

Quoique le rapport du Secrétaire général reconnaisse que de "nouveaux déplacements continuent de se produire dans la zone de Golo", il ne fait aucune recommandation pour apporter une réponse effective à ces besoins après le départ de la MINUAD.

Dans son dernier communiqué, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA "a réitéré ses appels à la plus grande prudence avec laquelle il convient de poursuivre le retrait de la MINUAD, afin de préserver les acquis et d'éviter la rechute et le vide sécuritaire".

"Il n'est pas nécessaire que le Conseil de sécurité de l'ONU accepte les options limitées qui lui sont présentées," a affirmé Kenneth Roth.

"Le Conseil de sécurité devrait plutôt créer une mission de suivi qui serait chargée de soutenir la transition nationale vers un gouvernement civil respectueux des droits et la consolidation de la paix, mais qui reconnaisse également la nécessité de continuer à protéger les civils au Darfour", a-t-il ajouté.

-0- PANA MA/NFB/JSG/SOC 17mar2020