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Coup d'État au Soudan : Au moins trois morts dans la marche de protestation anti-coup d'État de samedi à Khartoum

Khartoum, Soudan (PANA) - Malgré les appels lancés à la junte militaire soudanaise pour qu'elle fasse preuve de retenue alors que les manifestants défilaient, samedi, contre le coup d'État de la semaine dernière qui a écourté le calendrier de transition dans ce pays d'Afrique de l'Est, au moins trois personnes ont été tuées dans la capitale, Khartoum, au cours de la manifestation.

 

Les forces de sécurité auraient tiré à balles réelles sur des dizaines de milliers de personnes qui avaient répondu aux appels à manifester à Khartoum contre le coup d'État mené par le général Abdel Fattah Al-Burhan, qui a évincé le gouvernement de transition, arrêté le Premier ministre civil, Abdalla Hamdok et son cabinet et déclaré l'état d'urgence. Hamdok a depuis été libéré, mais d'autres membres du cabinet sont toujours détenus.

 

Le Secrétaire général des Nations unies, Anthonio Guterres avait lancé un appel aux militaires pour qu'ils "fassent preuve de retenue et ne fassent pas d'autres victimes". 

 

"Les gens doivent être autorisés à manifester pacifiquement, c'est essentiel", a ajouté António Guterres. Mais un comité de médecins a déclaré qu'au moins trois des manifestants étaient morts samedi. 

 

Le président américain, Joe Biden, M. Guterres, le Conseil de sécurité des Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne, la Ligue des États arabes et l'Autorité intergouvernementale pour le développement figurent parmi les personnalités et organisations qui ont condamné le coup d'État et appelé au rétablissement du système de transition qui était en place. 

 

Le Soudan disposait d'un gouvernement hybride qui réunissait l'armée et les partis politiques au sein du Conseil souverain de transition, ou présidence collective, après le renversement du président Omar El Béchir.

 

Selon les médias, au moins 11 personnes sont mortes avant la marche de samedi. Human Rights Watch a également indiqué qu'au moins 11 responsables et militants ont été arrêtés et que certains pourraient avoir été victimes de disparition forcée, la plupart d'entre eux restant inconnus.

 

La Banque mondiale et les États-Unis ont suspendu leur aide au Soudan, tandis que l'Union européenne a déclaré qu'elle continuait à reconnaître le Premier ministre Hamdok et son cabinet comme les dirigeants constitutionnels du gouvernement de transition.

 

Les États-Unis ont interrompu, avec effet immédiat, le versement de 700 millions de dollars de fonds de soutien économique d'urgence au Soudan, qui étaient destinés à soutenir la transition démocratique du pays.

 

Le dirigeant de longue date Omar El-Béchir a été renversé par l'armée après des mois de protestations populaires en avril 2019. Un gouvernement de transition a été mis en place, comprenant des dirigeants militaires et civils, après un accord de partage du pouvoir qui devait aboutir à des élections démocratiques complètes en 2023.  

 

Le pays traverse également une crise humanitaire. 

 

Cette année, les humanitaires ont demandé 1,9 milliard de dollars pour le Soudan, mais leur appel n'est financé qu'à 30%.  

 

De janvier à juin, les organismes d'aide ont apporté protection et assistance humanitaire à 7,4 millions de personnes dans le pays.  

-0- PANA MA/BAI/IS 31oct2021