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Chaude alerte sur le danger qui guette le système éducatif au Burundi

Bujumbura, Burundi (PANA) - Les Etats généraux de l’éducation, lancés mardi dernier pour se clôturer ce jeudi, ont été caractérisés, entre autres moments forts, par l’intervention du président de la Coalition des syndicats des enseignants pour la solidarité nationale (COSESONA), Victor Ndabaniwe, illustrant l’urgence de la situation au Burundi par les propos d’un conseiller chinois d’une certaine époque à son empereur sur la façon de détruire un pays, « sans nécessairement passer par la guerre, mais par la formation d’ignorants ».

« Si vous voulez détruire un pays ennemi, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en pertes humaines; il suffit de lui détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans, et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera alors très facile de les vaincre».

Pour ne pas en arriver là, le responsable syndical burundais a formulé un certain nombre de propositions aux 150 participants, comme la désignation d’un comité inclusif et représentatif, chargé de la mise en application des recommandations issues des Etats généraux pour qu’elles ne finissent pas dans les tiroirs comme celles qui avaient été formulées lors des précédentes assises de 2014.

La réduction des effectifs dans les salles de cours par l’augmentation des infrastructures scolaires et l’accroissement des effectifs enseignants, en se conformant aux normes internationales de 35 à 45 élèves par classe, sont parmi les propositions du principal syndicat du secteur éducatif national.

Par ailleurs, il faut créer des instituts spécialisés de formation des enseignants des écoles maternelles, fondamentales et post-fondamentales en nombre suffisant.

A ce sujet, la COSESONA a suggéré au moins un institut spécialisé dans chaque province du pays. La revalorisation de la carrière enseignante est un autre préalable que le syndicat a mis en avant. Cela doit passer par des facilités d’accès au logement, aux crédits d’investissement et aux moyens de déplacement.

Le syndicat veut encore que la gestion des écoles revête un caractère plutôt technique que politique.

Au niveau des moyens matériels, le syndicat a proposé aux décideurs de rendre disponible des supports pédagogiques et didactiques en quantité suffisante car, « il est impensable qu’on puisse dispenser des cours d’informatique, sans ordinateur ni électricité, ou la mécanique, sans outils appropriés.  

Quant à l’enseignement supérieur, la COSESONA a suggéré la création d’un département ministériel chargé de la gestion des établissements privés pour éradiquer les mauvaises pratiques qui s’observent à ce niveau.

De bonnes conditions de travail sont également nécessaires pour intéresser le retour d’enseignants hautement qualifiés dans les auditoires.

Le syndicat a encore plaidé la suppression du prêt-bourse en vue d’améliorer les conditions de vie et d’apprentissage des étudiants.

L’on retiendra encore l’intervention du ministre burundais de l'Education nationale et de la Recherche scientifique, François Havyarimana, plaidant en faveur de l’augmentation du budget alloué à ce secteur.

La part du ministère de l’éducation ne représente généralement que 20% du budget général de l’Etat, ce qui est « largement insuffisant » pour couvrir les besoins du secteur.   

Depuis 2010, le gouvernement burundais a entrepris une réforme du système éducatif dont la plus importante est l’instauration de l’Ecole fondamentale de neuf ans au niveau de l’enseignement primaire et la réforme BMD (Baccalauréat-Mastère-Doctorat) au niveau de l’enseignement supérieur.

Le gouvernement burundais reconnait le rôle considérable que l’éducation doit jouer pour le développement du capital humain dans la planification nationale.

Le Plan national de développement (PND 2018-2027) prévoit, dans son axe 5, le renforcement du système éducatif et l’amélioration de la qualité de l’éducation et de l’offre de formation pour fournir au pays le personnel qualifié et compétent dont il aura besoin dans les autres secteurs de la vie nationale.

Dans l’état actuel des choses, les spécialistes s’accordent à dire que le système éducatif burundais est marqué par la démotivation du personnel enseignant et la mauvaise qualité des prestations de certains enseignants.

Le problème fondamental réside encore dans le fait que le système d’éducation et de formation est segmenté, sans ancrage, en amont et en aval, avec les secteurs économiques et sociaux.

-0- PANA FB/IS/SOC 16juin2022